Bertrand Burgalat : " Polnareff me touche jusque dans ses maladresses "
Entretien avec le musicien Bertrand Burgalat, à l'occasion de la sortie du dernier album de Michel Polnareff, " Enfin ! " (Universal Music France)

Jeudi-musique
Pour la sortie tant attendue du dernier album de Michel Polnareff, Enfin ! après presque trois décennies de silence, rencontre avec celui qui confia un jour qu'il aurait aimé le produire : le musicien, Bertrand Burgalat.
Un fan peut être parfois méchant. J'ai beaucoup de respect pour ce qu'a fait Michel Polnareff, ce qu'il continue de faire. Son album est une très bonne surprise pour moi, parce que d'une certaine manière, Polnareff est sorti d'un enfermement.
Il faut le regarder : c'est quelqu'un de très doué, il y a chez lui des harmonies qui rappellent beaucoup le jazz - le premier morceau rappelle les morceaux de Michel Colombier, quand il travaillait avec Colombier qui faisait partie des musiciens formidables de l'époque. A la fin des années 80, 90, il s'est retrouvé dans le monde de la grande variété, ce n'était plus des arrangeurs, c'était des réalisateurs, avec des directeurs artistiques qui n'y connaissaient rien, avec qui il ne pouvait pas parler de musique.
Polnareff est encore un mythe, parce qu'à son époque, il était un des seuls, peut-être avec Françoise Hardy, qui a vraiment fait des chansons, qui avait un répertoire, et qui n'était pas seulement un interprète. Je n'ai rien contre le mauvais goût, il n'a pas cherché à suivre la mode du moment. C'est un très bon musicien, un très grand pianiste. Il me touche jusque dans ses maladresses, il a été un passeur, un peu, comme Gainsbourg.
Quand on a été mythifié, c'est très inhibant, ce que je peux comprendre. C'est incroyable qu'il soit sorti de cette espèce de malédiction, de sortilège. Quand on fait un disque, on est toujours tenté de ne pas le sortir. Aujourd'hui, on est dans une époque du bon goût où tout doit être parfait, très amplifié par les réseaux sociaux. Le fait de s'en moquer, c'est une forme de liberté. Et s'il peut le faire, même à 74 ans, je trouve ça formidable.
Bande-annonce de l'album Enfin ! " Je suis Michel Polnareff et ceci est mon histoire... "
Programmation musicale :
Michel Polnareff,
Phantom
L'homme en rouge
Holidays (1996)
Générique de fin : Michel Polnareff, Le bal des Laze (1982)
Les Dernières Diffusions
Bibliographie
EnfinMichel PolnareffUniversal Music France, 2018
- musicien