Entretien avec Olivier Saillard, commissaire de l'exposition " Azzedine Alaïa, L'alchimie secrète d'une collection ", à Paris jusqu'au 6 janvier 2019.
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Avec l'historien de la mode et commissaire des expositions de la Maison Alaïa, Olivier Saillard, à l'occasion de l'exposition " Azzedine Alaïa, L'alchimie secrète d'une collection ". Le 18 novembre 2017, à Paris, l'un des couturiers français les plus talentueux disparaissait : Azzedine Alaïa, né quelques soixante-dix-sept ans plus tôt à Tunis. Une exposition rend hommage à son audace au 18 rue de La Verrerie, à Paris, là où le créateur imaginait ses plus fameuses silhouettes.
Le style Alaïa est très proche des femmes qui l'ont accompagné ; un style fait de courbes. On associe souvent le terme de "couturier" à Azzedine Alaïa, et aussi de "sculpteur" parce qu'il avait été étudiant dans la section Sculpture, mais aussi parce que les robes qu'il a pu imaginer, réaliser, concevoir sont des formes d'académie du corps qu'il a mis en mouvement.
C'est très amusant de connaître l'histoire de ce jeune garçon tunisien d'origine très modeste qui accompagnait, à l'âge de douze ans, madame Pinaud, sage-femme, dans ses soins et qui, parti ensuite pour Paris, est tout à coup, en vingt ans devenu le couturier le plus parisien.
De sa Tunisie natale, je crois qu'il lui reste des noirs très profonds, des blancs très éclatants, des effets de contrastes. Je ne crois pas qu'il y ait des formes, il y a surtout des couleurs. En Tunisie, il avait le souvenir de voir des religieuses catholiques, très belles dans la blancheur de leur chemise ; il y a beaucoup de chemises blanches chez Alaïa. Il y a aussi une Tunisie très brassée où toutes les communautés se rencontraient, bavardaient, riaient, il disait qu'il n'avait jamais eu la considération du racisme avant d'arriver en France.
Cette exposition est un hommage à la Pompadour, mais c'est vrai aussi qu'Alaïa avait une passion pour Arletty, pour Louise de Vilmorin, pour les beautés exotiques. Il avait cette passion pour toutes les formes de beauté.
L'idée de la création chez lui était adhérente à l'art de coudre, il est allé très loin dans une forme de perfection. Les femmes de corps mais aussi d'esprit l'inspiraient. Il vivait comme dans un îlot, avec une conscience très aiguë du patrimoine de la Mode, il avait une soif énorme de créer des collections, de les montrer quand il voulait, avec une économie de moyens. Il ne prenait pas de publicité, il ne courtisait pas, il était joyeux quand il invitait à sa table.
Programmation musicale :
Louie Austen, Glamour Girl (2007)
Lien Association Azzedine Alaïa, Paris.
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Bibliographie
Azzedine Alaïa, L'alchimie secrète d'une collectionProsper Assouline, 1999
- Historien français de la mode. Commissaire de l’exposition, Azzedine ALAIA, L’alchimie secrète d’une collection, à la Maison Azzedine ALAIA, à Paris, jusqu’au 6 janvier 2019.