Rencontre avec l'historienne de l'art contemporain des XIXe et XXe siècles, et spécialiste de l'Orientalisme, Christine Peltre, à l'occasion de deux expositions consacrées à l'Orientalisme, à Roubaix et Paris.

Mardi-expo
Tewfik Hakem s'entretient avec Christine Peltre, historienne de l'art contemporain des XIXe et XXe siècles, et spécialiste de l'Orientalisme, à l'occasion de deux expositions consacrées à l'Orientalisme : L'Orient des peintres au Musée Marmottan Monet, à Paris, jusqu'au 21 juillet 2019, et L'Algérie de Gustave Guillaumet (1840-1887), à La Piscine, à Roubaix, jusqu'au 2 juin 2019.

S'intéresser à l'Orientalisme, c'est s'intéresser à l'Histoire de l'art du XIXe et du XXe siècle, en général, puisque l'Orientalisme est une espèce de filtre parfois pour voir la réalité contemporaine, ce n'est pas quelque chose d'enfermé.
Je suis venue à l'Orientalisme par une formation en lettres Classiques qui m'a entraînée en Grèce où j'ai fait beaucoup de voyages, sur place, j'ai été séduite par les vestiges de l'Empire ottoman et j'ai eu envie d'aller plus loin, m'ouvrir à cette civilisation que je ne connaissais pas. Et pas seulement ; ma passion a toujours été la littérature du XIXe siècle puis du XXe, et naturellement, les deux, l'histoire de l'art et la littérature - et particulièrement, la littérature de voyage - sont indissociables.

Aujourd'hui, on a une vision un peu décomplexée, mais je crois aussi qu'on a appris à lire et mieux connaître les idées d'Edward Saïd [*"L'Orientalisme", 1978] qui disait, en substance, que l'Orient a été créé par l'Occident, qu'il s'agissait d'un système de domination par une interprétation des textes et de l'orientalisme scientifique... Tout cela a été approfondi, décortiqué, et il est sûr qu'on ne verra plus l'orientalisme pictural comme il était vu auparavant.
Il faut cheminer à son rythme, dans les salles. Chez Guillaumet, ce qui me frappe, c'est sa formation toujours présente ; ses paysages sont très composés, très centrés, et en même temps, il cherche à donner du sens. Dans l'exposition de Marmottan, il y a beaucoup d' artistes, un panorama très dense : pour la partie consacrée aux figures féminines ; Ingres - avec beaucoup de dessins - Gérôme, Chassériau, Delacroix, Matisse... Pour les paysages, les vues de la végétation ; Renoir, Marquet, d'autres peintres encore, comme Paul Klee.
Il y a une évolution du regard, on est dans la volonté d'échanger, ne pas rester dans l'entre-soi.

Eugène Fromentin est l'un des grands noms de l'Orientalisme, peut-être par ses récits algériens qui nous font entrer dans le cheminement intimiste du voyageur. C'est aussi le dilemme de cette époque : il faut parler au public avec des œuvres qui s'installent et, en même temps, il faut voyager. Et Fromentin est un grand voyageur, qui apparaît dans ses écrits comme un paysagiste.

Archive
Stéphane Guégan, dans Tout un monde, de Marie-Hélène Fraïsse, sur France-Culture, le 03/12/2016
Programmation musicale :
Philippe Katherine [Francis et les peintres], Quand t'es dans le désert
A écouter aussi
Bibliographie
L'Orient des peintes, Du rêve à la lumièreHazan, 2019
- Historienne de l'art contemporain des XIXe et XXe siècles et professeure