Brigitte Dormont, Guy Vallancien et Valérie Charolles Brigitte Dormont, Guy Vallancien et Valérie Charolles © Yaël Mandelbaum / RF
« Non à la loi Hôpital, patients, santé, territoire ! » C'est sous ce mot d'ordre que défileront les professionnels de la santé jeudi, à l'appel des syndicats. La loi HPST, dite aussi loi Bachelot, est discutée à l'Assemblée nationale en ce moment, et suscite beaucoup de débats, car elle est accusée notamment de porter en germe la privatisation rampante de l'hôpital et le rationnement des soins. Rationnement ou rationalisation ? Comme dans le cas de l'université, la crainte principale concernant la réforme en cours est qu'on ne transforme l'hôpital en entreprise. Autrement dit, que les médecins deviennent des gestionnaires chargés de rentabiliser chaque malade au lieu de se préoccuper de les soigner. Rentabilité ou efficacité ? En matière de dépenses de santé, le débat semble biaisé de la même façon. Est-ce que nous dépensons trop pour notre santé ? Est-ce que ces dépenses doivent encore augmenter ou est-ce que le système serait plus efficace si les dépenses étaient mieux maitrisées ? C'est là que le bât blesse. Le souci de maîtriser les coûts est souvent perçu comme une volonté de passer d'une logique sociale à une philosophie entrepreneuriale, d'une logique de service public à une logique privée accusée de tous les maux. Alors pourquoi continuer d'augmenter nos dépenses de santé ? Est-ce qu'augmenter les dépenses, c'est négliger leur maîtrise, et à terme participer au gâchis des ressources ou est-ce qu'augmenter les dépenses, c'est permettre à tous et à chacun de mieux vivre et plus longtemps, ce qui est somme toute un idéal collectif acceptable ? En d'autres termes, nos dépenses de santé doivent-elles être efficaces ou rentables? Et le débat se réduit-il à cette alternative?