La cuisine a-t-elle un "sexe" ?
Nous allons essayer de comprendre pourquoi les stéréotypes de genre ont la peau aussi dure en cuisine. Pourquoi l'homme aux fourneaux des grands restaurants et la femme à la préparation du repas quotidien sont souvent encore des réalités et pas seulement des caricatures.
Nous allons essayer de comprendre pourquoi les stéréotypes de genre ont la peau aussi dure en cuisine. Pourquoi l'homme aux fourneaux des grands restaurants et la femme à la préparation du repas quotidien sont souvent encore des réalités et pas seulement des caricatures. Et puis, comment des femmes, épaulées par quelques hommes, cherchent aujourd'hui à changer la donne ? Comment faire pour qu'à côté du cuisinier et de la ménagère, il y ait plus de cuisinière et de ménager : “Cuisine et genre”: c'est le sujet de notre plat du jour. Les stéréotypes ont-ils encore la vie dure en cuisine ou bien est-ce que cela a évolué ? Est-ce que le monde de la gastronomie et de la cuisine est un monde sexiste, voire un monde machiste ?
Kilien Stengel, professeur à l’Université de Tours au sein de l'Institut d'histoire et des cultures de l'alimentation, directeur de l’ouvrage collectif : La cuisine a-t-elle un "sexe" ? Femmes - Hommes, mode d'emploi du genre en cuisine aux éditions L'Harmattan, 2018.
Je crois que malheureusement et malgré tous les efforts qu'on fait actuellement, les stéréotypes ont encore la vie dure. Si je ne fais pas de science et que je regarde uniquement ma propre expérience, il s'avère que mon grand-père était déjà quelqu'un qui appartenait à une génération où l'homme avait plus de prédilection que la femme. La femme avait une place au foyer. C'est la génération de mon père qui a connu la révolution des années 68 et c’est ma génération qui la met en application, devant être totalement en corrélation avec les attentes des deux côtés du genre. Donc oui, elle a la vie dure et je pense qu'il faudrait encore attendre deux, voire trois générations afin que le sujet soit totalement lissé.
Estérelle Payany, journaliste culinaire et co-autrice avec Vérane Frédiani de Cheffes, 500 femmes qui font la différence dans les cuisines de France” aux éditions Nourriturfu.
Le monde de la gastronomie et de la cuisine est un monde sexiste et immature. Et justement, ce n'est pas une raison pour ne pas le faire évoluer. Il n'y a qu'à voir le nombre de femmes qui sont inscrites dans les écoles de cuisine: "52% élèves des écoles de cuisine sont des filles" mais on les perd souvent en cours de route. 94% des chefs sont des hommes. Mais ce monde-là est sexiste de tous les côtés, que ce soit aussi bien du côté des chefs que du côté des clients. Il y a des stéréotypes d'un bout à l'autre de la chaîne alimentaire du restaurant au consommateur. Par exemple, il y a très peu de critiques au féminin et cela fait des années qu'on mène un peu la vie dure aux critiques femmes puisqu'on n’est pas censé aimer les mêmes choses que les hommes. Une femme ne va pas manger de tripes au restaurant...
Pour aller plus loin
- “Catherine et Raymond, la recette du duo des émissions culinaires” -Publié par Renaud Machart Publié le 11 février 2019 – Le Monde
- La Cerise sur le gâteau de Pierre Hivernat en partenariat avec Alimentation Générale | La plateforme des cultures du goût
Générique de l'émission ♪♫
- "Poulet N°728120"dans l'album "Florilège", Katerine accompagné de Dana Ciocarlie au piano
Chroniques
Bibliographie
- professeur à l’Université de Tours au sein de l'Institut d'histoire et des cultures de l'alimentation
- journaliste culinaire