Chaque jour, un auteur lit les premières pages de son dernier livre.
"Parfois, un marché secret se conclut entre l'auteur et le lecteur dès le premier paragraphe, à l'insu des personnages qui ignorent que l'auteur et son lecteur échangent un clin d'oeil amusé derrière leur dos".
Amos Oz, L'Histoire commence (édtions Calmann-Levy)

"Homère au royaume des morts
a les yeux ouverts, et se penche
sur le ruisseau qui le sépare des vivants.
Les ombres autour de lui ne ressemblent pas
à l'abîme qu'il visitait avec Ulysse.
Il fallait être aveugle ou faire semblant
pour imaginer une déesse au langage humain,
un sceptre d'or entre les mains d'un dieu,
des âmes assoifées de sang, Sisyphe en sueur
et le fleuve Océan à la place du ruisseau
tranquille où repose une barque à fond plat."
Gérard Macé, Homère au royaume des morts a les yeux ouverts (Le Bruit du temps)

Gérard Macé est né à Paris en 1946. Depuis son premier livre, Le Jardin des langues , paru en 1974, il a édifié chez Gallimard, au Promeneur et aux éditions Le temps qu’il fait, une œuvre considérable par sa singularité et sa cohérence. Des livres brefs, souvent à la frontière de la poésie et de l’essai où, mêlant l’érudition à la rêverie, il approfondit sans cesse les mêmes thèmes fondamentaux : l’acquisition ou la remémoration de l’écriture ou d’une langue à jamais perdue (Leçon de chinois, Le Dernier des Égyptiens ), la recherche du secret que recèlent les traces d’une mémoire engloutie dont les contes ou les rêves sont souvent les meilleurs dépositaires (Bois dormant, Les Trois Coffrets ).
- Poète et photographe