Sans autrui, serais-je une conscience? Non, répond Hegel avec la dialectique du maître et de l'esclave. Pourquoi la reconnaissance est-elle une lutte, et à quelles conditions cesse-t-elle de l'être? En quoi le serviteur est-il plus libre que le maître?

Textes
Hegel, Phénoménologie de l’esprit, IV,
Hegel, Encyclopédie des sciences philosophiques, t. III, Philosophie de l’esprit, Addition § 435, édition de 1830, trad. B. Bourgeois, Vrin, pp. 230-232
Tandis que le serviteur travaille pour le maître – par suite non dans l'intérêt exclusif de sa propre singularité – son désir reçoit cette envergure consistant en ce qu'il n'est pas seulement le désir d'un celui-ci mais, en même temps, contient en lui le désir d'un autre. Le serviteur s'élève donc au-dessus de la singularité, rivée au Soi, de sa volonté naturelle, et se tient, dans cette mesure, suivant sa valeur, plus haut que le maître considéré dans son égoïsme, intuitionnant dans le serviteur seulement sa volonté immédiate, reconnu de manière formelle par une conscience qui n’est pas libre. Une telle soumission de l'égoïsme du serviteur forme le commencement de la liberté véritable de l'homme. Le tremblement de la singularité de la volonté, le sentiment du néant de l'égoïsme, l'habitude de l'obéissance, est un moment nécessaire dans la formation de chaque homme.
Extrait filmique
The servant, Joseph Losey, 1963
Musiques
Depeche Mode, Master and Servant
Kendrick Lamar, King Kunta
Chroniques
Bibliographie
L'idéalisme hégélienCNRS éditions, 2013
HegelEllipses, collection Philo-philosophes , 2018
- professeur de philosophie à l'Université Paul Valéry de Montpellier