Groupe terroriste particulièrement cruel, Boko Haram vient de se choisir un nouveau chef, le Camerounais Bana Blachera, homme de terrain et organisateur. Comment évaluer la force de cette secte salafiste ?

On connaît les méthodes de Boko Haram ("Groupe sunnite pour la prédication et le djihad", en langue arabe : جماعة اهل السنة للدعوة والجهاد, « Jama'atu Ahlis Sunna Lidda'Awati Wal-Jihad ») : massacres, prises massives d’otages (notamment, de petites filles), raids éclair particulièrement organisés et efficaces, égorgement de femmes, etc.
Mais, par-delà ces fureurs sanguinaires, de nombreuses questions se posent. À quel stade Boko Haram en est-il de son évolution ? Comment est-il organisé ou réorganisé ? Qui le finance et comment se finance-t-il lui- même ? Où trouve-t-il tant d’armes, dont une partie provient de l’effondrement de la Libye en 2011 ? Quels sont ses appuis auprès des populations ? Que penser de son allégeance à l’État islamique (il a pris le nom d'"État islamique en Afrique de l'Ouest") ? Quelles sont ses capacités de déstabilisation du nord-est du Nigeria ? Peut-il continuer à profiter des instabilités dans l’espace saharo-sahélien ?
Depuis 2009, l’insurrection de Boko Haram aurait fait au moins 20 000 morts. Et l’ONU estime que les « déplacés de Boko Haram » représentent 9, 2 millions de personnes en manque de nourriture, vivant autour du lac Tchad (Nigeria, Niger, Cameroun, Tchad), souvent installés dans d’immenses camps de fortune. Th. G.

- docteur du Centre d’études africaines de l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS), spécialiste du panafricanisme