Sur fonds de tensions mondiales, le pétrole a franchi un seuil historique : $ 80 le baril de Brent, au plus haut depuis plus de 3 ans. S’il est prématuré de parler de « choc pétrolier », le risque d’instabilité renforce la hausse des cours : pour empocher la prime ou relancer la guerre du pétrole?

$ 60 en novembre, 20 de plus 6 mois après : la chute des prix et la crise pétrolière de 2014 (avec un baril à $ 27 en janvier 2016) semble enrayée ; mais pas forcément pour plus de stabilité :
D’abord ces pics récents ($80 pour le Brent, $70 pour le WTI) sont en partie dus aux tensions géopolitiques de ces dernières semaines au sujet de l’accord sur le nucléaire iranien et l’élection présidentielle au Venezuela.
Ensuite, cette remontée des cours pétroles entraîné déjà une hausse des prix à la pompe (Canada, France), potentiel facteur d’instabilité politique dans les économies en développement ou aux monnaies plus faibles face au dollar (Mexique, Brésil, Argentine…).
Troisièmement, ce seuil de $70/ $80 pourrait aussi relancer la compétition pétrolière mondiale – atténuée par un accord entre OPEP et Russie pour limiter la production depuis janvier 2017. Ce prix rend le pétrole américain compétitif et fait donc peser une nouvelle incertitude sur les pays à rente pétrolière, Arabie Saoudite, Norvège, ou Algérie, obligés de se diversifier ou de subir. Les rumeurs enflent sur une possible adaptation de l’accord OPEP dès juin et de dissensions au sein du Cartel : l’Arabie Saoudite par exemple serait intéressée dans une hausse des cours avant l’introduction en bourse de sa compagnie nationale Aramco.
Dernier élément d’incertitude : cette hausse des cours pourrait se transformer en nouveau choc pétrolier si la situation régionale se dégrade brutalement.
Certains investisseurs parlent d’une « prime de risque » boursière à empocher en période de crise. Dans cette nouvelle configuration : Qui empochera la prime, qui supportera le risque ?
Quelques vidéos pour éclairer en images le thème d'aujourd'hui:

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- Directeur de recherche à l’Iris, chercheur associé au Policy Center for the New South