De lourdes tendances conjoncturelles s’entrecroisent et se renforcent, au point que des inquiétudes plus structurelles se font jour. Certains de ces signaux sont plus ou moins importants, mais tous sont notables.
Pêle-mêle, le ralentissement de la croissance américaine (presque 4 % de croissance au deuxième trimestre 2015, 1 % au quatrième trimestre). La chute brutale, rapide et massive du cours du pétrole depuis fin 2014, mettant à mal nombre de pays émergents. Le ressac manifeste de l’économie chinoise, accompagné d’une fuite des capitaux vers les pays « dollar », Pékin venant de déprécier sa monnaie au lendemain du G- 20 des ministres des finances à Shanghai. La mise en question des politiques monétaires, à commencer par l’américaine (rôle de la FED). La situation globalement très peu brillante de l’Europe, sans parler des pays qui y stagnent ou ne parviennent pas à repartir.
Dès lors, comment interpréter ce faisceau de menaces ou de dangers ? Th. G.
Le dernier G20 Finances n’a débouché sur aucun projet d’action concertée pour soutenir une croissance mondiale vacillante, contrairement aux espoirs des investisseurs. Le réveil a donc été difficile lundi matin, principalement en Asie. La Bourse de Shanghai a cédé 2,9 %, proche de son plus bas depuis novembre 2014 alors que celle de Shenzhen a plongé de 5,4 %. Faut-il voir derrière cette inaction des dirigeants une tentative de rassurer des marchés qui paniquent trop vite ? Et comme pour renvoyer l’image d’une réunion pour rien, à peine les lumières éteintes, la Chine a agit dès lundi, soufflant le froid, puis le chaud. D’abord en fixant à la baisse le taux du yuan à son plus bas niveau depuis un mois… alors que le communiqué du G20 appelait les grandes puissances « à se consulter étroitement » sur l’état des marchés des changes et réitère son appel à éviter des « dévaluations compétitives »…
Les marchés ont-ils toujours raison ou toujours tort ? On pourrait dire les deux. On apprend aux débutants sur les marchés financiers que ceux-ci ont toujours raison (en ce sens que les transactions entre un acheteur et un vendeur se réalisent à un prix qui ne peut-être que la vérité du moment. Mais avec un peu de recul et d’expérience, l’on peut aussi dire qu’ils ont presque toujours tort : ils surévaluent violemment le prix de certains actifs (conduisant aux krachs) et sous-évaluent tout aussi violemment certains autres (conduisant à des corrections violentes et à de bonnes affaires en perspective). Dorénavant, les krachs financiers seront beaucoup plus violents. Et ce pour diverses raisons, toutes liées au nouveau mode de fonctionnement des marchés financiers...
Bibliographie
Misère de la financeL'harmattan, 2014
Les 100 mots de la financePUF-Que sais-je ? N°3736, 2011
- professeur à Paris School of Business