Afrique du Sud. Après le 54ème congrès de l'ANC et l'éviction de Jacob Zuma : si l'ANC est en perdition, où va l'Afrique du Sud?
Un nouveau président pour le parti au pouvoir l’ANC, adversaire déclaré du Président de la République en exercice : c’est depuis hier la situation de l’Afrique du Sud, où Cyril Ramaphosa succède à Jacob Zuma à la tête du Congrès National Africain qui dirige le pays depuis 1994.

Les attentes sont fortes envers Cyril Ramaphosa élu à l’arrachée contre l’ancienne épouse de Jacob Zuma et ancienne ministre Nkosazana Dlamini Zuma – au terme d’une campagne dure, sur fond d’affaires de corruption récurrentes qui minent la présidence de Jacob Zuma et la situation économique du pays (un chômage à 28 %, une croissance à 0,3 % en 2017).
Cette élection est un signal pour qui veut voir dans Cyril Ramaphosa un candidat anti-corruption, apprécié des milieux économiques, et soucieux de réduire les inégalités comme il l’a promis : une image presque inverse de celle de Jacob Zuma, « l’homme en Téflon », politicien roué ayant survécu à dix motions de défiance et trois enquêtes pour violation constitutionnelle. Mais Jacob Zuma reste président en exercice de l’Afrique du Sud. Ensuite, à 140 voix près, c’est une victoire très faible et l’ANC est très divisé : son « Top 6 » exécutif lui-même est polarisé entre les partisans de Ramamphosa et ceux de Zuma.
La situation de l’ANC est donc fragile ,alors qu’une troisième urgence s’ajoute pour le parti de libération anti-apartheid, jusqu’ici historiquement dominant : rétablir son crédit auprès des électeurs alors que l’élection présidentielle de 2019 approche et qu’il est pour la première fois depuis 2016 en perte de vitesse.
Election en demi-teinte ont commenté certains, cadeau empoisonné disent d’autres, Cyril Ramaphosa lui-même n’est pas sans ambiguïté. L’Afrique du Sud et ses 56 millions d’habitants ont-ils une chance d’échapper à la sclérose chronique ?
Quelques vidéos pour éclairer en images le thème d'aujourd'hui :
Jacob Zuma, qui fait face à une longue bataille mediatique et judiciaire dans un vaste dossier de corruption, a démissioné avant-hier de la tête du parti au pouvoir, tout en restant président du pays. Pour la rédaction d'Al Jazeera, c'est la correspondante Tania Page qui commente cet évènement :
Johannesburg, capitale économique au dynamisme exceptionnel, favorise les jeunes entrepreneurs qui se lancent dans les technologies de l'information et de la communication. Ils sont nombreux à tenter de contribuer à résoudre certains des problèmes de la ville, tout en créant des emplois, grâce à des idées technologiques innovantes. La chaîne CCTV s'est intéressée à cette exception sud-africaine :
Alex Crawford, reporter à la rédaction de Sky News, s'intéresse à la xénophobie qui touche plusieurs nationalités africaines venues vivre et travailler en Afrique du sud :
Pour la rédaction de BBC Worldwide, c'est Louis Theroux qui s'est intéressé aux milices privées. Dans certains quartiers de Johanesbourg, elles se substituent aux manquements de la police locale... mais elle le font à la demande de cette dernière ! With public services overstretched the police sometimes call on private agencies to back them up on big jobs, here Louis is with the Red Ants to witnesses the eviction of a hijacked building.
- politologue, chercheuse associée au laboratoire des "Afriques dans le Monde" (LAM) de Sciences Po Bordeaux

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