Faire de l'Arctique une des principales zones minières et routes maritimes du monde : c'est l'ambition de la Russie réaffirmée au Forum de Saint Pétersbourg cette semaine, avec 4 des 8 pays du Conseil de l'Arctique. Moscou qui veut attirer les investisseurs doit aussi désamorcer certaines craintes.
« C'est une tâche réaliste, bien calculée et concrète (...) nous devons rendre la route maritime du Nord Ouest sûre et commercialement réalisable." A Saint-Pétersbourg, au Forum de l'Arctique, Vladimir Poutine a décidé de dévoiler son ambitieux programme d'expansion russe sur l'Arctique devant les principaux dirigeants finlandais, norvégien, suédois et islandais, accompagnés de chefs d'entreprise. La Chine et les Etats-Unis sont les deux grands absents de ce rendez-vous international majeur.
Un Forum de l'Arctique qui réassure la coopération russe avec ses voisins du Grand Nord
Au programme, construction de 10 nouveaux ports, développement d'une flotte de brise-glace et accroissement des expéditions de fret sur la route maritime avec pour principal mot d'ordre la coopération entre les pays directement concernés par l'Arctique.
Pour que l'Arctique russe se développe, le premier des préalables c'est que l'Arctique reste stable et soit une zone avec le moins de tensions possibles. Il n'est pas dans l'intérêt de la Russie et de ses voisins de créer des risques politiques en Arctique qui pourraient dissuader les investisseurs de venir dans cette zone. Mikaa Mered
Chose inédite, le président russe reconnaît les défis posés par le réchauffement climatique à la région polaire. Mais il oublie de rappeler que la fonte des glaces va lui permettre de quadrupler le trafic maritime dans la région en 5 ans et d'exploiter près d’un quart des ressources mondiales en énergie fossile. Une centaine de projets de consortiums d’exploitation et d'infrastructures logistiques vont être initiés avec le concours très probable d'entreprises scandinaves.
Ce projet d'expansion commerciale et stratégique de taille va potentiellement devenir un nouveau point chaud géopolitique pour les Occidentaux qui craignent l'installation de nouveaux missiles de croisière capables d’atteindre l’Europe ou l’Amérique du Nord via des bases militaires sur l’île de Kotelny ou sur l’archipel François Joseph. Le ministre des Affaires étrangères russe Serguei Lavrov a rapidement répliqué : "Nous ne menaçons personne. Nous assurons des capacités de défense suffisantes compte tenu de la situation politique et militaire autour de nos frontières”.
Il y a deux ans, Vladimir Poutine déclarait que la fonte des glaces est une aubaine pour l'ouverture de nouvelles routes commerciales dans le Grand Nord :
- Professeur de géopolitique à l'ILERI et à NEOMA Business School