En seulement quelques jours, l’Italie à son compte puis la Commission européenne font le voyage de Téhéran, misant fort sur l’ouverture de l’économie iranienne. Les sanctions venaient de trois sources : États-Unis, Nations unies, Union européenne et étaient de divers ordres.
Elles ont été en grande partie levées en ce début d’année, grâce à l’accord sur le nucléaire militaire signé l'été dernier. Vous pouvez à cette occasion écouter notre émission intitulée : Les conséquences de la levée partielle des sanctions économiques contre l'Iran.
On attend donc une relance, mais plutôt progressive. En effet, le contexte économique mondial n’est pas favorable : ralentissement de l’économie chinoise, répercussions sur beaucoup de pays émergents, bas prix du baril pour les pays exportateurs de pétrole, etc.
D’autre part, si l’Iran est sorti de récession en 2014, il accuse des faiblesses internes : fragilité du secteur bancaire, faiblesse des infrastructures, équipements industriels vieillissants… Selon la Coface, trois priorités s’imposent néanmoins : les domaines des transports (aviation, automobiles), du logement, des travaux publics.
Les Européens, quand ils n’étaient pas déjà là, arrivent en ordre dispersé. Allemagne, Italie et Royaume-Uni nourrissent de grands espoirs. Ceux-ci sont-ils fondés, à ce stade ? Quelle place possible pour la France (Paris représente seulement 21 % des flux financiers entre Berlin et Téhéran) ? Et n’oublions pas que la concurrence asiatique reste proche et très dynamique (Chine, Corée du Sud…). Th. G.
Federica Mogherini, la Haute Représentante pour les affaires étrangères de l’UE, était en Iran en fin de semaine dernière. Elle a révélé que Bruxelles et Téhéran sont en négociation afin de pouvoir ouvrir un bureau de représentation permanente de l'Europe dans la capitale iranienne. D'ores et déjà un officier de liaison est sur place et, a assuré la Commissaire face à la presse iranienne, une équipe viendra s'installer en Iran "dans les prochaines semaines". Téhéran espère que cette implantation bruxelloise pourra aider à débloquer plusieurs dossiers dont celui du développement des activités bancaires. Et ce alors même que les Etats-Unis sont toujours réticents et ont maintenu certaines de leurs sanctions : les banques américaines n'ont ainsi toujours pas le droit de faire des affaires, directement ou indirectement, en Iran.
Profitant de ce semblant d'ouverture sur le monde extérieur, on avait assisté ces derniers temps à un relâchement de la tenue vestimentaire des femmes. Dans les rues de la capitale et de plusieurs grandes villes de province, il n'était pas rare de voir des conductrices ayant laissé tomber leur foulard sur les épaules. Et des passantes laissaient dépasser leur chevelure, ou portaient des vestes ou manteaux courts et moulants.
Mais, depuis ce lundi, quelque 7.000 indicateurs en civil, hommes et femmes, ont commencé à patrouiller dans les rues de la capitale pour lutter contre "l'immoralité", notamment le mauvais port du voile ou "le harcèlement des femmes", comme l'a annoncé le chef de la police de Téhéran. Les agents ont reçu la charge de surveiller "le mauvais port du voile, les nuisances sonores, le harcèlement des femmes et le non respect du (port du) voile dans les voitures", a déclaré le général Sajedinia. Il a toutefois précisé que ces indicateurs n'avaient pas le droit d'agir eux-mêmes et devaient se contenter de rapporter les cas à la police.
En novembre, la police avait d'ailleurs déjà annoncé que les voitures ayant à leur bord une conductrice ou une passagère non ou mal voilée seraient immobilisées et saisies pendant une semaine...
Bibliographie
La Stratégie de l'Iran : entre puissance et mémoireTempora, 2008
- cabinet de conseil à la Compagnie européenne d’intelligence stratégique (CEIS).