Tensions et désordre : vers une "Trumpisation" des relations internationales ?
« J’ai des désaccords avec lui sur la méthode mais sur la finalité on est d’accord » avait dit le président français récemment de Donald Trump qu’il rencontrera à Washington fin avril. Deux chefs-d’état outsiders au style bien différent...

L’un est le champion du multilatéralisme, l’autre celui de la perturbation géopolitique, qu’on appelle de plus en plus la « trumpisation » des relations internationales.
Avec cette visite d’Etat, Donald Trump veut afficher la proximité manifestée depuis mai dernier avec le président Macron, alors qu’au terme d’une année de diplomatie brusquée par l’application du slogan « America First », les Etats-Unis font face à un risque d’isolement ou de perte de crédibilité.
"On a essayé le laissez-faire sous Clinton jusqu'au 9/11, l'agression sous GW Bush, puis la doctrine Obama, se comporter comme un pays comme les autres : ça n'a pas marché. Maintenant, c'est une autre variante : "America First". Le problème c'est que D. Trump essaie de faire une sorte d'exceptionnalisme qui enlève aux Etats-Unis leur rôle d'exemple, donc leur leadership" Nicholas Dungan
En cause : le désengagement international assidûment poursuivi par le président américain, et ses prises de parole directes – ou de certains diplomates – qui substituent une rhétorique de la menace et de la provocation au discours de bonne volonté diplomatique. Certains y voient une méthode de négociation, pour forcer l’évolution de dossiers stratégiques : réviser l’accord sur le nucléaire iranien, imposer des négociations en Afghanistan, au Proche-Orient, intimider le Venezuela la Corée du Nord.
Si c’est une tactique, elle est hasardeuse : en menaçant de rompre ou de sévir, en négociant la participation des Etats-Unis à l’ordre international traditionnel, Donald Trump veut imposer la volonté américaine, du moins jouer sur une certaine marge d’imprévisibilité. Sans résultats diplomatiques tangibles, la méthode risque de déstabiliser leurs alliés et de laisser le champ libre à leurs adversaires.
Certains observateurs y voient une « diplomatie du chaos », d’autre y lisent une « doctrine du retrait ». Marc Semo dans Le Monde en donnait récemment les grands traits « Isolationniste, nationaliste, réaliste malgré lui et impulsif ». S’il y a une « trumpisation » des relations internationales comme l'écrit Alexandra de Hoop Scheffer, elle se manifeste d'abord par ses effets de désordre : quels sont ses ressorts et ses objectifs ?
@TEnjeux + @XXMonde + @Nicholas_Dungan
Quelques vidéos pour éclairer en images le thème d'aujourd'hui :
Intervenants
- Directeur de recherche à l'IRIS et senior fellow au sein du Programme des relations transatlantiques de l'Atlantic Council à Washington.
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