Affaire Skripal : la "nouvelle guerre froide" est-elle un leurre?
« Faire le nécessaire pour empêcher une nouvelle guerre froide avec la Russie », « risque de guerre froide » : en Allemagne ou en Russie, l’affaire Skripal alimente la rhétorique de l’affrontement Est-Ouest. Cette mise en scène de la guerre froide ne est-elle un leurre ?
Même si les Etats n’envoient pas forcément leur premier niveau pour entretenir la rhétorique conflictuelle, elle reste vive depuis l’empoisonnement de Sergueï Skripal et sa fille le 4 mars à Salisbury. Après la réaction très ferme de Londres qui a rompu ses relations diplomatiques avec Moscou, la moitié des membres de l’Union Européenne et les Etats-Unis ont à leur tour décidé d’expulser des diplomates russes en début de semaine : ces mesures touchent pour l’instant 117 personnes, mais aussi toutes leurs familles. L’OTAN a expulsé sept diplomates lundi, la Belgique s’est résolu à en renvoyer un, la Pologne et la Hongrie doivent aussi participer : chacun à son échelle veut contribuer à la démonstration d’unité transatlantique, en «totale solidarité» avec le Royaume-Uni comme l’affirmait l’UE il y a 10 jours, au lendemain de l’élection de Vladimir Poutine.
Pour la Russie, cette affaire qui a surgi en fin de campagne présidentielle touche à un des piliers du pouvoir, au côté de l’armée : les services de renseignement, GRU et FSB. Les révélations et tensions concernant les agents russes à l’étranger se sont multipliées ces dernières années : que ce soit à cause d’assassinats (Alexander Litvinenko à Londres), ou par des arrestations (Anna Chapman). En 2010, la Russie et les Etats-Unis avaient déjà procédé à un échange de personnels « illégaux » sur le tarmac de l’aéroport de Vienne.
Enfin, ces tensions – et leur mise en scène – interviennent aussi après un discours remarqué du président Poutine début mars à la Douma, mélange assumé d’annonces militaires spectaculaires et de discours de paix et de bonne volonté. Pour l’instant, la réaction du Kremlin (qui nie les accusations) reste mesurée : il n’a répliqué qu’envers le Royaume-Uni, par l’expulsion de diplomates et la fermeture de la représentation du British Council à Moscou.
S’agit-il d’une nouvelle démonstration de « Culturisme géopolitique » dit Thomas Gomart ? Si l’affaire Skripal est aussi une opportunité diplomatique, la rhétorique de guerre froide est-elle pour autant un leurre ?
Quelques vidéos pour éclairer en images le thème d'aujourd'hui:
Quelques analyses de télévisions ouest-européennes:
Et quelques analyses des télévisions publiques russes:
Intervenants
- maître de recherche à la Fondation pour la recherche stratégique, spécialiste des politiques de sécurité et de défense russes.
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