Si le gouvernement chinois a dit, pendant des jours maîtriser, la situation et n’avoir besoin de personne pour lui venir en aide, il a admis hier des « insuffisances » dans sa gestion de la crise. Et la presse chinoise se permet de timides critiques. Entretien avec le chercheur Antoine Bondaz.
L’épidémie, que le ministère des Affaires étrangères chinois a qualifiée (une seule fois) de « pandémie », est d’abord une crise sanitaire.... elle est aussi une crise diplomatique et politique.
Alors que sa responsabilité a d'abord été rejetée sur les autorités locales en particulier celles de Wuhan, le gouvernement chinois a admis hier des "insuffisances". Et si la presse chinoise "autorisée" a d'abord insisté surtout sur les cas de rémission de personnes atteintes (cela concerne à ce jour quelque 630 personnes), ou sur la prétendue efficacité des outils de détection dans les aéroports..., elle se permet à son tour quelques réserves.
Pour Pékin, l'objectif est de montrer que dans ce que j'appelle un "état de guerre sanitaire", l'ensemble des acteurs chinois sont mobilisés - que ce soit le Parti, le Conseil d'Etat (l'équivalent du gouvernement) mais aussi l'armée - pour venir en aide à Wuhan. Cela a été très largement médiatisé ces deux dernières semaines en Chine... tout en reprochant aux autorités de Wuhan d'avoir mal géré la crise dans les premières semaines. Évidemment, la réalité est un peu différente. On a appris ces derniers jours que le maire de Wuhan, et notamment le secrétaire général du PCC de la ville, souhaitait prévenir la population bien avant, mais il n'avait pas reçu l'autorisation de Pékin. Antoine Bondaz
- Directeur du programme Corée à la Fondation pour la recherche stratégique et enseignant à Sciences Po