Danois, Finlandais, Allemand : ces trois partis réunis autour de la Ligue de Matteo Salvini ont scellé lundi leur alliance pour les Européennes. Le Ministre de l’Intérieur italien a fixé un objectif : constituer « le groupe le plus important au Parlement européen ».
L'ambition fondamentale de Salvini est d'apparaître comme la force qui monte et s'imposer comme un groupe qui compte, le troisième, le quatrième ou le cinquième du Parlement européen en fonction des résultats. Pascal Delwit
"Nous sommes en train d'élargir la communauté, la famille. Nous sommes en train de travailler pour un nouveau rêve européen". Matteo Salvini, le ministre de l'Intérieur italien, voit grand aux côtés de ses camarades européens d'extrême-droite. Avec Jörg Meuthen, porte-parole du parti Alternative pour l'Allemagne (AfD), Olli Kotro, dirigeant des Vrais finlandais, et Anders Vistisen, du Parti populaire danois, le patron de la Ligue du Nord a lancé un appel lundi pour une alliance des populistes en vue des prochaines élections européennes. Sauf que l'unité dans la diversité semble pour le moins compromise.
Une alliance de souverainistes viable uniquement dans une logique de rejet de l'UE
En réalité, les lignes de fracture sont déjà observables dans les politiques publiques défendues par chaque parti nationaliste : quand le Rassemblement national (RN) défend le protectionnisme, l'AfD préfère l'économie de marché. Lorsque Matteo Salvini est favorable à une répartition des demandeurs d'asile à travers l'Europe, le RN et l'AfD s'y opposent fermement. Sur la laïcité, seuls la Ligue et le PiS polonais revendiquent les racines chrétiennes de l'Europe.
Les partis souverainistes peuvent tenir ensemble dans une logique de rejet, c'est-à-dire une politique de rejet de l'union des bureaucrates, de l'union fédéraliste, des immigrés et d'une Europe qui accueille l'immigration. En revanche, dès qu'il s'agit d'être dans une logique d'édification, de bâtir un programme commun, très vite il y a des différences à l'intérieur même de l'Union Européenne. Pascal Delwit
De fait, leurs similitudes, l'euroscepticisme, l'hostilité à l'islam politique et le rejet du multiculturalisme de gauche, ne suffiront pas à réunir les trois entités souverainistes (ENL, EFDD et CRE) pour en faire un unique groupe capable d'influer sur les choix de la Commission européenne. D'autant plus que Viktor Orban, le Premier ministre hongrois, est retenu par les conservateurs européens du PPE qui ont suspendu son parti, le Fidesz, évitant ainsi un renforcement du futur groupe nationaliste populiste.
Selon une projection réalisée via des sondages nationaux et présentée en février par le Parlement européen, les souverainistes pourraient représenter la même proportion actuelle, à savoir un cinquième dans l'assemblée.
- professeur de science politique à l'Université libre de Bruxelles (ULB)