Turquie. Quels véritables ancrages géopolitiques, entre l’Est et l’Ouest ?
Dans le conflit syrien, la politique étrangère turque a été souvent qualifiée d’ambivalente ou de sinusoïde, de dangereuse aussi. Mais qu’en est-il de la Turquie elle-même ?

Géographiquement, c’est un pays carrefour, entre l’Asie et l’Europe, entre le Proche- et le Moyen-Orient et la Méditerranée, tout en ayant des liens complexes ou heurtés, mais réguliers, avec le monde slave. La Turquie avait combattu du mauvais côté durant la Grande Guerre, s’était européanisée à marches forcées sous Ataturk, avant de rester sagement neutre durant la seconde guerre mondiale.
Membre de l’Alliance atlantique dès le début de la guerre froide (1952), elle a été un fidèle allié des Américains, malgré de graves secousses internes (trois coups d’État militaires) et l’invasion puis l’occupation d’une partie de Chypre en 1974. C’est le seul pays à bénéficier d’une Union douanière avec l’Union européenne, son commerce extérieur dépendant en grande partie du continent. Dès la fin de l’URSS, il a poussé des avantages vers l’Asie centrale, à laquelle il est lié par l’histoire et par la langue. Aujourd’hui, où se situe-t-il ? Et où est son centre de gravité géopolitique ? Th. G.

"S'il y a une stratégie (contre l'EI), alors la Turquie et l'Arabie saoudite pourraient participer à une opération terrestre", a déclaré samedi le ministre des Affaires étrangères turc, Mevlut Cavusoglu, de retour de la conférence sur la sécurité de Munich. Selon lui, l'Arabie saoudite - devenue au cours des derniers mois l'un des plus proches alliés de la Turquie - va également déployer des avions de chasse sur la base militaire stratégique d'Incirlik, une base d' l'Otan située dans le sud de la Turquie, où se trouvent déjà des appareils de la coalition conduite par les Américains. L'annonce de Mevlut Cavusoglu intervient au lendemain de déclarations incendiaires du président syrien Bachar al-Assad contre la Turquie et l'Arabie saoudite, qu'il a accusées de soutenir le "terrorisme". Allié de Damas, le Premier ministre russe Dmitri Medvedev a aussi mis en garde samedi contre toute intervention au sol des pays membres de la coalition emmenée par les Etats-Unis. "Ne menacez personne avec une opération au sol", a-t-il déclaré lors d'un discours depuis Munich, au cours duquel il a affirmé que le monde était entré dans une nouvelle guerre froide.
Avant-hier, le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu a confirmé avoir ordonné des bombardement en territoire kurde syrien contre les Unités de protection du peuple kurde (YPG) près de la ville d'Azaz, dans la province d'Alep. Les YPG, comme le parti de l'union démocratique (PYD) dont elles sont les milices, sont considérés comme des organisations "terroristes" par la Turquie, étroitement liées aux rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Ahmet Davutoglu a, de nouveau, exprimé l'exigence turque quant au retrait des forces kurdes de la région alors que, soutenus par les Américains, les Kurdes de Syrie le sont aussi par les Russes, alliés du président syrien Bachar al-Assad. Et que Moscou est à couteaux tirés avec Ankara depuis la destruction d'un bombardier russe par l'aviation turque en novembre.
Bibliographie
La Revue internationale et stratégiqueArmand Colin, 2013
- Directeur adjoint de l’IRIS, spécialiste de la Turquie.
- Turquie
- Arménie
- Recep Tayyip Erdoğan
- Kurdes
- Kurdistan irakien
- chrétiens d'Orient
- Syrie
- conflit syrien
- Liban
- Hezbollah
- frères musulmans
- Ankara
- Istanbul
- Israël
- Palestine
- Autorité palestinienne
- Hamas
- Jordanie
- chiisme
- sunnisme
- Arabie saoudite
- Pays du Golfe
- Golfe Persique
- emirats
- bande de Gaza
- conflit israélo-palestinien
- génocide arménien
- Géopolitique

Pour vous abonner, saisissez votre adresse email.