Beaumarchais par Nattier Beaumarchais par Nattier © Radio France
**Réalisation Françoise Camar "Sans la liberté de blâmer, il n'est point d'éloge flatteur".** Citation culte pour ouvrir une émission toute entière consacrée à l'un des esprits les plus vifs du 18ème siècles. **Pierre Augustin Caron de Beaumarchais, né en 1732 et mort en 1799, après une vie qu'on peut qualifier, et c'est un euphémisme, de mouvementée.** Ce fils d'horloger, lui-même horloger a éclairé le Siècle des Lumières de ses audaces et de son insolence, son goût des affaires et son sens de la répartie. Auteur de seulement six pièces de théâtre, il est néanmoins pour tous le signataire de deux chefs d'oeuvre que Rossini puis Mozart n'ont pas hésité à mettre en musique : le premier s'attaquant au "Barbier de Seville, le second au Le mariage de Figaro." En s'immergeant dans le 18ème siècle, grâce à Beaumarchais, nous pénétrons au coeur d'un siècle qui fut, non seulement, capable d'opérer la plus grande révolution qui soit, mais pour qui, de plus, le théâtre n'était pas un art mineur. De 14 salles avant la révolution, Paris passera à près de quarante après 1789. Ce siècle là fut le siècle de Marivaux, de Diderot, de Voltaire et Rousseau. Excusez du peu. Et sur les scènes des salles parisiennes, devant des parterres où le public se tenait alors encore debout, on a vu se lever des héros d'un genre nouveau et les femmes comme les valets succéder aux juges et aux financiers. Beaumarchais n'est pas en reste, c'est sûr, avec un Figaro roublard dont un grand quotidien national a retenu le nom pour en faire son titre éponyme... De là à conclure que Beaumarchais fut un auteur rebelle... rien de moins sûr. Il suffit de se pencher sur le cours agité de la vie de ce libre penseur, affairiste intriguant, un temps agent secret du roi et dont l'ambiguité fait le charme pour douter de son caractère purement libertaire. Car Beaumarchais c'est tout à la fois un goût effréné du pouvoir et de l'argent et l'insolence de celui qui aspirait dans le même temps à plus de justice, de liberté et d'équité. Drôle de citoyen qui ira de procès en procès, de mariage en mariage, de prison en prison, et dont les rares pièces de théâtre semblent clore sur lui-même le 18ème siècle et sa monarchie défaillante. **Pour évoquer aujourd'hui dans les Mercredis du théâtre l'auteur et dramaturge, trois invités : Jean Goldzink, spécialiste de la littérature du 18ème siècle, auteur, notamment, d'un ouvrage paru aux éditions Nizet, "Beaumarchais dans l'ordre de ses raisons" , Laurent Hatat, metteur en scène de "La précaution inutile," de Beaumarchais et Edouard Molinaro, réalisateur en 1996 d'un "Beaumarchais l'insolent", comédie érudite dans laquelle Fabrice Luchini prêtait ses traits au grand homme." Joëlle Gayot**