Tolstoï et Gorki en 1900 Tolstoï et Gorki en 1900 © Radio France
**Réalisation Françoise Camar** Aujourd'hui, portrait d'un homme qui a enjambé deux siècles, basculant avec son pays d'un état du monde vers un autre, accompagnant de sa plume les métamorphoses d'une société vers laquelle les regards du monde entier n'allaient pas tarder à se tourner. De tous les grands auteurs russes dont l'histoire a retenu le nom, et dieu sait s'ils sont nombreux, **Maxime Gorki, né en 1868, mort en 1936, reste sans doute le plus contesté. Enfant pauvre et orphelin très jeune, cet autodidacte s'élève à force de travail aux côtés de ces illustres compatriotes, pour la plupart ses ainés, Tolstoï, Dostoïevski, Tchekhov, mais il se distingue d'eux par des prises de position politique qui finalement font sa différence et lui valent encore aujourd'hui louanges ou critiques.** Grâce à lui, dans ces Mercredis du théâtre, c'est une figure de l'intellectuel engagé que nous pouvons examiner de près. De Gorki, essayiste, romancier, dramaturge, le théâtre retient toujours les mêmes pièces. A intervalles plus ou moins réguliers, on peut voir, mis en scène par les uns ou les autres, ***Les Bas Fonds, Les Enfants du Soleil, les Petits Bourgeois, les Barbares ou les Estivants, des pièces écrites pour la plupart entre 1900 et 1905.** * Gorki, dont le nom est un pseudonyme qui, littéralement, signifie, Amer, est alors un citoyen acquis à la cause de la Révolution. Il observe attentivement les mutations d'un peuple qu'il connaît bien, s'en fait l'écho dans ses récits, où il raconte la Russie profonde pour laquelle il éprouve empathie et solidarité. Il joue à fond son rôle d'auteur engagé, se heurtant au pouvoir par de libres prises de paroles. Emprisonné très tôt pour ses liens avec les milieux révolutionnaires, il sera toujours, que ce soit sous le Tsar, sous Lénine ou Staline, l'objet d'une étroite surveillance policière. Il quittera d'ailleurs à plusieurs reprises de son pays natal avant d'y revenir jouer les cautions d'un gouvernement en mal d'icones... Staline déploiera devant lui un tapis rouge afin qu'en 1929, après 5 ans d'exil en Italie, il se réinstalle en Russie. C'est ce Gorki ambigu, libre penseur tout au long de son existence, puis, finalement, membre éminent de la nomemklatura soviétique à la fin de sa vie, que nous allons côtoyer pendant une heure avec les témoignages parfois dissonants de nos invités. **Eric Lacascade, metteur en scène des Estivants, un spectacle créé à Rennes et qui est actuellement en tournée, Jean-Marie Rouart, journaliste et romancier, qui, en 2006, a vu sa pièce de théâtre intitulée Gorki, l'exilé de Capri, interprétée par Roger Planchon. Et enfin, pour ouvrir l'émission, l'un des plus grands spécialistes de la littérature russe, (il traduit Tchekhov, Dostoïevski, Pouchkine, Tosltoï) à qui l'on doit de nouvelles versions française des Bas Fonds, des Barbares et des Estivants : André Markowicz" Joëlle Gayot**