Suite aujourd’hui de notre semaine cartésienne. Hier, au milieu d’une forêt, c’est en compagnie de Denis Moreau que nous avons évoquée la morale par provision. Aujourd’hui, pour continuer à marcher bien droit jusqu’à la lisière du bois, il est temps de s’interroger sur ce qui met le corps en mouvement. Si l’âme et le corps sont deux substances distinctes, l’une, immatérielle, l’autre, matérielle donc étendue, alors comment expliquer qu’une décision de l’âme puisse avoir pour conséquence un mouvement physique ? Descartes est le premier à avoir considéré la pensée comme l’attribut principal de la substance incorporelle, et l’étendue, comme celui de la substance matérielle, mais cette distinction aboutit, dans la 6ème méditation métaphysique, à leur union, au sein de ce qu’il nomme la troisième notion primitive. De cette union, nous faisons l’expérience quotidienne – la douleur nous attriste ou nous énerve, le plaisir nous met en joie, mais comment l’expliquer sans renoncer au dualisme ? Et surtout, si l’action de l’âme sur le corps paraît évidente, que penser de la passion , qui affecte l’âme en contrant sa volonté ? A quel prix la chose pensante peut-elle admettre cette soumission à autre chose qu’elle-même ? En d’autres termes les passions de l’âme ne sont-elles pas la meilleure preuve de la passivité de la pensée ?
Jean-Luc Marion•
Crédits : MC
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Radio France
Lectures:
Descartes , Les passions de l'âme (Flammarion GF)
Descartes , Lettre à Elisabeth du 21 mai 1644 in Oeuvres et Lettres (Gallimard, Pléiade)
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