Photographe majeur du XXe siècle, Walker Evans a marqué plusieurs générations de photographes et d’artistes. L’œuvre du maître du "style documentaire" témoigne de sa fascination pour l'Amérique modeste, celle des gens de peu et de la banalité.
"Je ne cherchais rien, les choses me cherchaient, je le sentais ainsi. Elle m'appelaient vraiment." Ce sont les mots de Walker Evans. Un autre photographe aura t-il réalisé une œuvre aussi considérable que la sienne ? De lui, Cartier-Bresson disait : "Sans le défi que représentait l'oeuvre d'Evans, je ne pense pas que je serais resté un photographe." De ses débuts en 1930 jusqu'à sa disparition en 1975, à la chambre au Leica ou au Polaroïd, Walker Evans, en documentariste consciencieux qu'il était indéniablement, n'aura jamais cessé d'enregistrer le réel en s'effaçant devant lui. Pourtant, le style documentaire ne pouvait, selon lui, définir son travail. "Pour moi, disait il, le mot documentaire est inexact, vague. Il est même grammaticalement faible si on veut l'utiliser pour décrire le style photographique qui est le mien. De plus, je crois que la meilleure chose possible dans ce qu'on nomme l'approche documentaire en photographie, c'est l'adjonction d'un certain lyrisme. Ce dont je parle, en fait, c'est d'une pureté, d'une certaine sévérité de rigueur. Simplicité. Être direct et clair, sans prétention artistique, au sens conscient de l'expression. C'est la base de tout, être solide et ferme."
Par Jean Daive - Avec Gilles Mora