Où il sera question d'un masque, d'une traversée des frontières, d'une errance Helsinki, d'écrits contre le totalitarisme, de la morale en politique, du regard de la société grecque sur l'Europe, de la haine sur les réseaux sociaux.
C’est un visage teinté de noir. Il n’y avait pas le choix du déguisement. Un camouflage par la force des choses. Dont il faut bien à un moment se débarrasser pour avancer. Apprendre à faire semblant de sourire. Ca aide. C’est un conseil que Khaled donnera à son compagnon de voyage rencontré dans une cellule. Ce conseil Khaled l’applique peu. Faire semblant de sourire mais ne pas trop forcer, le maîtriser. Et quand ça ne vient pas, ce n’est pas la peine d’aller le chercher trop loin. Ca ne vient pas parce que quand Khaled fait appel à ses souvenirs des jours et des semaines passés, personne autour de lui n’a envie de sourire. Son visage a encore les rondeurs de l’adolescence. Des yeux noirs imperturbables, sérieux, avec parfois une lueur moqueuse qui s’y glisse sans prévenir. Comme si parfois Khaled pouvait soudain rire de son errance dans le froid d’Helsinki, comme s’il pouvait rire des refus, des coups et des menaces, de sa solitude et de ses impasses. Ca fait de lui le personnage idéal d’un film d’Aki Kaurismaki. _L’autre côté de l’espoir_ dernier film du cinéaste finlandais sort aujourd’hui en salle. Et il réunit encore une fois, plusieurs solitudes, pour qu’elles fassent route ensemble, dans un ailleurs qu’elles auront inventé. Une route qui cette fois, encore plus qu’avant dans ses films, traverse les frontières parce que c’est possible. Quand Khaled de Syrie, interprété par Sherwan Haji raconte son périple lors de son entretien à l’office d’immigration, le plan se resserre sur lui. Sa langue maternelle fait apparaître sur son visage des émotions nouvelles. Des larmes qui apparaissent dans ses yeux sans jamais en sortir. En face de lui on ne sourit toujours pas. On lui demande comment il a réussi à traverser toutes ces frontières. Il répond que lui et tous les autres qui essaient avec lui, y arrivent parce qu’on ne les voit pas, qu’on ne veut pas les voir. Que le sourire qu’il tente d’afficher devant les autres lui sert aussi à ça, à maîtriser son invisibilité. Seule condition pour traverser, avancer encore.
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