Dans une mise en scène récente de Carmen, l’héroïne assassine son amant. Dénouement inédit, au nom de la lutte contre la violence faite aux femmes. Que penser de cette initiative ? Certaines œuvres sont-elles inaudibles aujourd’hui du fait de l’évolution des mœurs ? D’autres impossibles à écrire ?

"Ecrire, c'est une certaine façon de vouloir la liberté" disait Jean-Paul Sartre. Pour le philosophe, l'art était une aventure de la liberté et toute oeuvre digne de ce nom visait forcément l'émancipation, Sartre n'imaginant pas un seul instant qu'un roman important ou une belle pièce de théâtre puisse venir alimenter l'oppression.
Soixante-dix ans plus tard, alors que le penseur existentialiste n'est plus guère à la mode, voilà au moins un point sur lequel nous demeurons, ou plutôt, à propos duquel nous sommes redevenu sartriens. Que les artistes aient vocation à reprendre la liberté, à lutter contre les préjugés communs, les aliénations ordinaires, c'est désormais une certitude assez largement répandue.
Le mouvement MeToo en particulier a relancé le débat sur la responsabilité des créatrices et des créateurs, sur leur façon d'envisager les rôles sexuels, tant et si bien que chaque œuvre, quelquefois contemporaine, mais aussi parfois très ancienne, se trouve passée au crible de cette vocation émancipatrice.
La culture peut-elle, doit-elle, être féministe ?
Dans toute l'histoire du théâtre, on a toujours essayé d'actualiser les pièces, beaucoup plus dans le théâtre contemporain.
Florian Gaité
Toute l'histoire de l'art c'est de la réécriture, prenez Frankenstein par Mary Shelley !
Geneviève Fraisse


- romancière
- Philosophe de la pensée féministe
- Docteur en philosophie, enseignant à l'Université Paris 1
- sociologue au CNRS, président du club Politique Autrement