Et si la danse était accessible à tous, qu’elle réveillait la vie qui bat en chacun de nous, pour révéler les danseurs au monde et transformer radicalement leur existence ? Aux confins de la danse contemporaine et de la découverte de soi, cette Expérience immersive capte le souffle et les pensées de celles et ceux qui ont trouvé le bonheur en dansant leur vie. Un podcast original à écouter au casque, pour profiter du son binaural.
Une Expérience signée Antoine Couder, réalisée par Nathalie Salles
Il y a ceux qui dansent depuis toujours, et puis il y a les autres pour qui le corps restait un objet lointain, à contrôler, à dresser. Il y a aussi ceux qui sont revenus de la danse académique, la danse de salon, la danse classique : la danse spectacle. Tous ont commencé, ou recommencé à zéro.
Il faut partir de ce qui est là. Faire silence et écouter ce qui se passe à l’intérieur de soi, parce que c’est vivant. — Graziella. Bertero
La danse libre est une dénomination un peu fourre-tout. Elle intéresse autant les chorégraphes contemporains que ces "chamans des villes" qui transmettent des techniques psychocorporelles jouxtant la discipline académique. Danser, respirer, prendre conscience de l’espace ne relève pas seulement d’un travail de contrôle et de relaxation. À force de dissocier les mouvements, de coordonner de nouveaux gestes, le cerveau du danseur travaille, il "apprend à apprendre", il réapprend ce qu’il a oublié depuis qu’il a appris à marcher. Il bouge comme il n’a jamais bougé et comprend très concrètement que toute connaissance du monde passe par la perception, par ce corps que la danse remet en mouvement. Mieux : sur le plan cognitif, la stimulation de ces nouveaux apprentissages combinés à la libération d’hormones du bien-être comme les endorphines le mène progressivement à un profond sentiment de bonheur, nous explique Lucy Vincent, neurobiologiste.
Pour décrire son ressenti, chacun parle avec ses mots. La danse est un "élixir de vie", une prise de conscience de son poids, des équilibres instinctifs auxquels la vie sociale nous arrime. Le mouvement libre permet de découvrir combien le sol peut nous aider à "nous réapproprier nos capacités quadrupèdes", à élargir notre perception de la réalité (Amélie Schweiger, enseignante 5Rythmes®). Peu à peu émergent de nouvelles perspectives, une façon de "brosser" son corps dans l’espace, une sensation intime de "chute au ralenti" (Thibaut Eiferman, enseignant Gaga Danse).
Je travaillais dans l’industrie pharmaceutique. La danse m’a permis de me reconnecter à mon corps et d’inclure ça dans ma vie professionnelle. Les gens sont très reconnaissants. Les dynamiques de groupe peuvent être très différentes ensuite. — Viktoria Gyukics
À cinquante ans, je devenais un petit vieux rigide. La danse m’a remis dans une dynamique positive que j’avais perdue. C’était la première fois que j’étais fier de quelque chose qui avait à voir avec mon corps. — Jean-Claude Dufourd
Mais réagir et penser avec son corps n’est pas seulement une façon de retourner à soi, vers cette enfance primitive que le mouvement libre remet en jeu. C’est aussi une position de découverte, de proposition de contact avec un partenaire.
La danse donne une possibilité d’horizontalité qui ménage la subjectivité de chacun sans que celle-ci ne devienne toute puissante et opprime celle des autres. — Pierre Godard, cie Le principe d’Incertitude
Comme si l’évidence générique de l’anatomie permettait de passer sous les radars du désir de domination : comme si la rencontre sans les mots, corps à corps, ouvrait des perspectives non seulement esthétiques, mais également, politiques.
Maps — Liz Santoro et Pierre Godard, Théâtre de la Cité internationale, décembre 2017 :
La danse que dansent ces drôles de danseurs, par groupes de dix, de vingt, de quatre-vingts lorsque les conditions sanitaires le permettent, est un voyage qui dure le temps d’une session, d’une "vague", comme on dit dans le vocabulaire de la danse des cinq rythmes. Dans sa performance live, Peter s’entraîne et entraîne les danseurs vers cette chute, ce lâcher-prise où le corps révèle le souffle de la vie, vers ce qu'Alexandra appelle "une vie plus fluide, plus simple, plus intense.
Lorsque l’espace intérieur se trouve relié au monde extérieur, la matière du corps en mouvement exprime ce qui est invisible à l’intérieur de soi. — Peter Wilberforce
Une bande-son pour danser sa vie
- Geiger counter — Kraftwerk
- Batman — N-ERGY
- Don’t matter (feat. Darianna Everett) — Cherokee
- In der Wüste — Kalabrese
- Perhaps, perhaps, perhaps — Cake
- Ever or not — John Robert
- Minimum move — Kartell
- Come with me and fly (feat. Yusef Rumperfield) — Tall Black Guy
- How you say — Factory Floor
- The relay — Gastr Del sol
- Miles high (feat. Travis Scott and Metro Boomin) — James Blake
Pour aller plus loin
- Faites danser votre cerveau, Lucy Vincent, éditions Odile Jacob, 2018
- Les voies de l’extase, Gabrielle Roth, éditions Carthame, 1994
- Mr Gaga, sur les pas de Ohad Naharin, un film de Tomer Heymann, 2016
- Danse des cinq rythmes
- Ecstatic dance
- Life art process
- Gaga danse
- L'Art de la présence, Viktoria Gyukics
- Du yoga avec Alexandra de lassus St Geniès
Générique
Avec les voix et les danses de : Liz Santoro et Pierre Godard (Le Principe d’incertitude) ; Amélie Schweiger (5Rythmes®, Les vies dansent) ; Peter Wilberforce (5Rythmes®, Body, Voice and Beeing) ; Thibaut Eiferma ; Lucy Vincent et les danseurs des cinq rythmes : Vincent Fournout, Graziella Bertero, Jean-Claude Dufourd, Alexandra De Lassus Saint-Geniès, Viktoria Gyukics (5Rythmes®, L'art de la présence
Prise de son : Benjamin Thuau, Delphine Baudet et Thomas Robine
Mixage : Bernard Lagnel
Réalisation : Nathalie Salles
Une création sonore d’Antoine Couder
Remerciements
Le Centre National de la Danse (CND à Pantin), Yannick Dufour (agence Myra), Patricia Lopez (agence Patricia Lopez), Amélie Blaustein-Niddam