William Klein
Un documentaire d’Alexandre Breton et Nathalie Battus - Rediffusion « Sur les docks » du 15 juillet 2008.


Depuis ses débuts fracassants, avec son documentaire expérimental-pop, « Broadway by Light » (1954), William Klein a centré son travail sur les ressources de l’image, sous toutes ses formes de manifestation. Abstraite ou figurative, documentaire ou fictionnelle, son œuvre procède d’une même devise : « Anything goes ». Pas de règles, pas de limites, pas d’interdits, mais une liberté radicale, qui ne ménage ni le sujet ni le spectateur.
A Paris depuis 1948, ce peintre (élève d’André Lhote et de Fernand Léger) passé à la photographie puis au cinéma, est toujours resté un ‘outsider’ : américain émigré, nomade en marge d’un système qu’il n’a eu de cesse d’ausculter et de brocarder. Sa démarche est, selon ses propres termes, celle d’un ethno-paparazzo, d’un chroniqueur de son époque, de ses utopies et mythologies, de ses espoirs et messies de pacotille. Ainsi l’œuvre est-elle intrinsèquement acte de révolte, sans complaisance, refus du monde comme de ses idéalisations. Elle puise ses préalables esthétiques autant du côté du Quattrocento ou du Bauhaus, pour la composition, que de celui de Jérôme Bosch, de DADA ou des Marx Brothers pour le grotesque, l’humour acéré, la farce.Si le travail de William Klein a contribué à bouleverser les codes traditionnels de la représentation, dans toutes ses modalités, c’est en inventant une nouvelle façon de faire des images, des ‘images profanes’.
Il existe indéniablement un messianisme dans l’œuvre de Klein – c’est l’hypothèse de ce documentaire – néanmoins celui-ci ne se règle sur aucune transcendance, qui s’inscrirait en creux dans le réel des corps saisis au grand angle. Au contraire, il s’articule à un plan d’immanence radicale : il n’y a pas d’au-delà.
Reste le monde humain, dans son abjection, sa vanité, sa détresse ; et ces corps, en état de résistance ou de compromission. C’est là le nihilisme de Klein : le Messie, c’est Mickey, tel qu’il apparaît souriant au fond de la 45ème avenue à Broadway, dans Le Messie (1999). L’ironie est mordante ; la religion n’est plus qu’un artifice de l’entertainment. Si l’art seul peut sauver l’humanité, c’est dans cet immense éclat de rire. Un rire semblable à celui de Francis Bacon : optimiste – de rien.
Ce documentaire portera ainsi sur cette partie la plus méconnue, et mésestimée, de l’œuvre de William Klein, pourtant la plus conséquente après son travail de photographe : ses documentaires. Nous avons choisi de l’aborder à partir d’une séquence composée de trois tableaux : le triptyque « Cassius Clay le Grand » / »Mohammad Ali the Greatest » (1964/1967/1974), « The Little Richard Story » (1980), « Le Messie » (1999).
Avec :
- William Klein , cinéaste, photographe, peintre, graphiste ;
- Marc Minkowski , chef d’orchestre, fondateur des Musiciens du Louvre et directeur du Sinfonia Varsovia ;
- Paco Wiser , directeur de la photographie, réalisateur ;
- Ragnar Van Leyden , monteur ;
- Daniel Edinger , réalisateur ;
- Claire Clouzot , écrivain, réalisatrice et critique de cinéma.
- Producteur coordonnateur : Joseph Confavreux
- Producteur délégué : Alexandre Breton
- Réalisation : Nathalie Battus

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