Hier, la SNCF a annoncé à toute vapeur ses nouveaux tarifs pour ses nouvelles lignes de TGV, le TGV Ouest vers Bordeaux et Rennes. Avec une bonne manière d’aiguiller les journalistes, sur le thème des augmentations modérées de 6 à 10 euros en moyenne.
Et la notion importante dans cette phrase est le « en moyenne ». Parce qu’en insistant sur des chiffres en apparence modeste, la SNCF a réussi à mettre l’ensemble des médias sur des rails, en faisant oublier un petit détail essentiel : la moyenne de quoi. Moyenne de tous les billets ? Moyenne des prix ? Pour avoir une idée exacte du nouveau prix des billets, il faudrait disposer de la moyenne et de la médiane, la moyenne seule ne suffit pas puisqu’il suffit l’existence de très bas prix et de très hauts prix pour obtenir des prix moyens modérés mais parfaitement théoriques.
Le nouveau processus de tarification utilisé obéit par la SNCF comme par d’autres compagnies de transport à ce que l’on appelle le yield management, il se fonde sur des prévisions d’offre et de demande, et sur des algorithmes compliqués et opaques. Le but est d’optimiser les recettes, bien sûr, mais la conséquence de tout cela, c’est que les prix sont devenus parfaitement incompréhensibles et opaques pour le consommateur. Comme s’il s’agissait de désorienter les consommateurs, de les mettre dans un état d’incertitude cognitive pour les inciter à payer le prix fort. Du coup, personne ne sait à l’avance le prix qu’il va payer son billet de train, et cela vaut pour de nombreux tarifs aujourd’hui, avion, hôtel mais aussi téléphone.
Jadis on faisait des prix à la tête du client, maintenant on fait des prix pour que le client perde la tête.