Cela fera demain 50 ans, jour pour jour, qu’ont éclaté les émeutes de Stonewall.

Cela fera demain 50 ans jour pour jour qu’ont éclaté les émeutes de Stonewall, ces 6 jours d’affrontements au cours desquels une partie de la communauté homosexuelle de New York se révolta contre une énième descente de police dans un des bars qui lui servait alors de refuge. Devenu un événement mythique et fondateur pour les combats LGBT, Stonewall occupe une place à part entière dans l’imaginaire du militantisme de toutes les minorités. Que doit le monde à ces premiers militants de la cause gay ?
Pour en discuter aujourd’hui dans Les Matins de France Culture, Guillaume Erner reçoit Eric Fassin, sociologue, professeur à l’Université Paris-8 Vincennes-Saint Denis (Département de science politique et Département d’études de genre), chercheur au LEGS (Laboratoire d'études de genre et de sexualité, CNRS / Paris-8 / Paris-Nanterre).
Et Paul B Preciado, philosophe, commissaire d’exposition, auteur notamment de « Un appartement sur Uranus » ed. Grasset.
Eric Fassin :
Pendant les nuits de violence à Stonewall :
"c'est une prise de conscience que les homosexuels ne sont plus obligés de subir et qu'il peuvent aussi se battre."
"Les questions d'homosexualité, concernent une minorité mais également tout le monde car cela touche à la norme, et à l'ordre sexuel qui est l'ordre social."
On a une internationalisation du mouvement homosexuel, en 2000 par exemple, pour dénoncer la violence homophobe d’Etat en Egypte. Mais on a aussi en face une internationalisation homophobe : ce sont des gens qui utilisent la question sexuelle en générale, la place des femmes et des homosexuels, avec le mot gender en drapeau, pour dire qu’il faut revenir en arrière et en finir avec le changement."
Paul B Preciado :
Dans les années 50 et 60, l’homosexualité était pensée comme une maladie, comme un crime, il y avait une ségrégation de genre et sexuelle, aussi pour les personnes transgenres. Stonewall, c’était la revendication à la ville des minorités sexuelles.
Il y a eu un processus de récupération de la ville par les minorités sexuelles mais on est face à une nouvelle vague des néo-fascistes. Il y a un discours néo-patriarcal qui pense à une nouvelle cartographie de la ville : c’est pour ça que chaque pride homosexuelle est importante car c’est une façon de revendiquer la ville.
Je m’oppose à la segmentation des identités. Je pense qu’il faut parler d’un mouvement de dissidence sexuelle plutôt que d'un mouvement des identités sexuelles.
Il faut réinventer l’amour, un amour qui ne soit pas hétéro centré, un amour non génital, qui sort du modèle du couple monogame.
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Bibliographie
Un appartement sur UranusPaul B. PreciadoGrasset, 2019
- sociologue, Professeur à l’Université Paris-8 Vincennes-Saint Denis (Département de science politique et Département d’études de genre), Chercheur au LEGS (Laboratoire d'études de genre et de sexualité, CNRS / Paris-8 / Paris-Nanterre)
- Philosophe, commissaire d’exposition, est notamment l’auteur de “Un appartement sur Uranus” (Grasset) 2019