« Filmer la forêt qui pousse plutôt que l’arbre qui tombe » : voilà comment pourrait se caractériser le cinéma de Philippe Faucon.

En 28 ans et une quinzaine de films et téléfilms, le réalisateur s’est attaché à faire le portrait sensible des invisibles. Des « sans-voix » à qui il donne la possibilité d’exprimer la violence sociale et politique vécue, à travers une mise en scène lestée de tout sensationnalisme.
Après Fatima, qui lui avait permis d’accéder à la reconnaissance de ses pairs et du grand public, nous accueillons le cinéaste Philippe Faucon, pour son nouveau film “Amin” qui sort en salle mercredi 3 octobre prochain.
Philippe Faucon
« Cette situation d’exploitation par le travail que je filme dans « Amin » on la retrouve largement aujourd’hui dans la société française.
Par exemple, lorsque j'ai cherché des figurants pour « Amin », j’ai rencontré des gens d’origine africaine : un tiers d’entre eux a été refusé par le directeur de production car ils n’avaient pas de protection sociale, ils travaillaient en France au noir.
Ces gens à qui l’on reproche d’être là, on abuse de la situation dans laquelle ils se trouvent. »
Philippe Faucon
Ce qu’on vit aujourd’hui c’est ce que on a déjà vécu dans le passé, il y a des réflexes de peur et de repli, que certains sont tentés d’exacerber car c’est porteur et ça permet de parler d’autres choses, de déplacer le débat.
Dans mes films, j’ai essayé de faire exister des personnages qui puissent rencontrer le spectateur par quelque chose qu’ils auraient en commun.
Smaïn Laacher
Quand on parle d’immigration, on ne parle que des chiffres : combien sont-ils ? Sont-ils trop ?
La question de la régulation n’est qu’une question quantitative. Alors que le cinéma de Philippe Faucon va vers l’effort constant de recherche de sens. « Amin », « Fatima », c’est la figure du déplacé en quête de sens.
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AminPyramide Distribution, 2018
- cinéaste
- sociologue, professeur de sociologie à l'université de Strasbourg