- Tu sais, Simone, malgré les difficultés colossales que je rencontre, je n'ai pas renoncé à mon projet d'écriture d'un scénario génial. - C'est bien, de ne pas se laisser abattre. J'aime bien ton côté persévérant. C'est viril. En même temps, prends garde de ne pas mettre la barre trop haut. Ecrire un « bon » scénario, c'est déjà une belle ambition. Tu ne crois pas que tu devrais renoncer à l'exigence de « génie » ? ... écrire simplement un « bon » scénario, ou même un « très bon » scénario... mais pas obligatoirement « génial »... - Non, pas besoin de réviser l'objectif à la baisse, parce que je sais ce qui a cloché dans mes dernières tentatives. C'est qu'aucun de mes personnages n'était génial. Or, j'en ai eu la révélation Mardi matin : pour qu'un scénario soit génial, il faut et il suffit d'y faire figurer des personnages géniaux... et, pour prendre un bon raccourci : des génies, tout bêtement. - Tu vas donc écrire une histoire avec des vrais génies dedans ? - Voilà. Exactement. D'où un premier obstacle : l'embarras du choix. - Tu as tiré à la courte paille ? - Mieux que ça : j'ai demandé à ma soeur. J'ai débarqué chez elle à l'improviste, et je lui ai demandé de me citer, là, maintenant, tout de suite, sans réfléchir, ses 5 génies créateurs préférés. - Elle t'a foutu à la porte ? - Oui, mais APRES m'avoir livré 5 noms. Jean Tinguely, l'artiste suisse... - ... celui qui a fabriqué des machines extravagantes ? - Lui même. Et puis Andy Goldsworthy, l'immense génie du Landart... - Oui, celui qui crée des sculptures dans des sites naturels et à partir d'éléments naturels, c'est ça... - Oui, c'est ça. Pour ceux qui ne le connaissent pas, il vaut mieux aller regarder des photos, parce que c'est pas facile à raconter, le travail de ce gars-là. - Ca en fait deux... - Une femme, ensuite, une anglaise qui fait de la peinture abstraite, c'est Joan Mitchell, née en 1925 à Chicago et morte en 1992 à Vétheuil, près de Mantes la Jolie. - Il en manque deux, maintenant, dans le palmarès de ta soeur... - Eh bien il y a encore Jean Dubuffet, né au Havre en 1901, et mort à Paris en 1985... - Jean Dubuffet, tout le monde connaît... Et le dernier ? - Le dernier, je ne sais pas si c'est parce qu'elle manquait d'idées ou parce que c'est le génie des génies... toujours est-il que son cinquième choix s'est porté sur le grand Picasso. Pablo Ruiz Picasso, né à Malaga et mort à Mougins. - Te voilà donc avec les 5 personnages principaux de ton film. Je récapitule : Joan Mitchell, Pablo Picasso, Jean Dubuffet, Jean Tinguely, et Andy Goldsworthy. - Voilà. D'où un deuxième obstacle : pour les faire exister ensemble sans trahir la vérité historique, je dois me restreindre à la période où ces cinq-là furent contemporains. C'est à dire entre juillet 1956, naissance de Goldsworthy, et avril 1973, mort de Picasso. - Mais la petite enfance de Goldsworthy, tout le monde s'en fiche un peu, non ? - Si. Le film se passera donc en Janvier 1973. Andy Goldsworthy a 17 ans, Tinguely et Mitchell en ont 48, Dubuffet a 72 ans, et Picasso 92. - L'action se situera principalement ?... - Je n'ai pas tranché définitivement, mais sans doute à Genève. Plaque tournante et carrefour des arts. Tinguely sera tout près de chez lui, Mitchell et Dubuffet prendront le train Paris-Genève, et Picasso montera de Mougins en voiture. - C'est pour Andy, ça lui fait un peu loin ? - C'est vrai, mais à 17 ans, on adore les voyages. Il ne se fera pas prier outre mesure. - Et ça raconte quoi, ce scénario ? - Je commence à écrire ce soir. - Je crois bien traduire le sentiment général en exprimant ma folle, folle impatience !!
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