Oser prendre la parole. Une série de Céline Leclère et Anna Szmuc
Avril 2016, place de la République. Chaque soir, le même énoncé liminaire revient, à plusieurs reprises, prononcé par celles et ceux qui « font » Nuit debout : « Je n’ai pas l’habitude de prendre la parole en public mais je voudrais dire… » Prendre la parole, c’est affirmer, défendre — contester parfois — un système de représentations, de croyances, de valeurs. Celui d’un parti, d’une entreprise, d’une institution dont on tire la légitimité de sa parole. C’est aussi faire l’expérience de s’autoriser à parler, et, quelquefois, naître par là à son pouvoir d’agir.
Cette série documentaire invite à un panorama subjectif des situations de prise de parole en public : de la plus socialement normée à la plus intime ; de l’éloquence codifiée du cours magistral, de la plaidoirie ou du discours politique à la parole « libérée », permise par les mouvements sociaux ou née de la nécessité, pour les victimes, de témoigner. En quatre épisodes, elle donne la parole à ceux qui, de gré ou de force, se plient à un exercice qui, s’il est devenu un talent social aujourd'hui massivement requis, exalte toujours autant qu’il tétanise.
Episode 1. Demain, pour la première fois, j’enseignerai, je plaiderai. Entre impatience et sueurs froides : quand mon éloquence est à inventer
Frédérique, François, Maëva et Gaspard ont 100 ans à eux quatre. En septembre, ils seront enfin avocat ou enseignant. Dans une salle d’audience ou devant une classe, prendre la parole sera une activité centrale de leur métier. Et à tort ou à raison, le résumera souvent aux yeux des autres. Mais quelques mois avant de se confronter à l’exercice, quelles représentations en ont-ils ? Par quels moyens s’y sont-ils préparés ? Comment les institutions qui les ont formés intègrent-elles cette dimension au cursus ? Entre impatience de la première fois et cauchemars de lapsus, aisance réelle ou fantasmée et inhibitions socialement construites, ce premier épisode suit leurs premiers pas sur le chemin qui les mènera à conjurer le trac, et à inventer une éloquence qui leur ressemble.
"Apprenez à dire des bétises avec assurance"
"Le silence se fait et c’est à vous"
Avec Frédérique Heurtel et François Bourguignon, élèves avocats ; Hubert Ribereau-Gayon, avocat chez Flichy Grangé avocats ; Maëva Barthès, Gaspard Cépède, Thalia Denape, admis au CAPES de sciences économiques et sociales 2016 ; Alexandra Raedecker, responsable du Master « Métiers de l'enseignement, de l'éducation et de la formation SES » de l’Université de Paris Ouest-Nanterre, spécialiste de la méthodologie des épreuves de concours; Amina Mettouchi, linguiste, directeur de recherches en linguistique berbère à l'Ecole Pratique des Hautes Etudes (EPHE); Oto Cronopio, slammeur et enseignant et Jean-Michel Vivès, professeur de psychopathologie clinique à l'Université de Nice-Sophia Antipolis et psychanalyste ; Théodora Marcadé et Capucine Baroni, comédiennes.
Liens :
Amina Mettouchi, projet "Corpus de la Parole. Comment on parle en France aujourd'hui"
L'encyclopédie de la parole
Jean Michel Vives : La voix sur le divan. Musique sacrée, opéra, techno (Aubier)
Du 13 au 16 octobre au Studio Théâtre d'Asnières Arrête je vois la parole qui circule dans tes yeux, avec Capucine Baroni et Théa Marcadé, mise en scène Claire Lapeyre-Mazérat