Blessées, traumatisées, les victimes d’attentats ont longtemps été seules. L’Etat, dont l’une des fonctions est de protéger ses citoyens, ayant failli dans cette tâche régalienne, les a longtemps niés. La création, en 1985 de "SOS Attentats", première association de victimes, a changé la donne.
Après un attentat ? On rentre chez soi comme si de rien n’était, on sort de l’hôpital pour reprendre le cours normal de son existence et on enfouit les syndromes qui pourraient resurgir ensuite. On refoule, on ravale, on dissimule l’inénarrable, l’indescriptible, l’invraisemblable
Mais ça, c’était avant. Avant le long et fastidieux combat mené par Françoise Rudetzki, grièvement blessée le 23 décembre 1983 dans l’explosion du restaurant le Grand Véfour à Paris et fondatrice de "SOS Attentat". Car si le terme "attentat" apparaît au XIVème siècle, c’est elle qui va faire inscrire ce vocable dans le droit afin que les victimes soient enfin reconnues comme telles et prises en charge par la société.
On vit dans une société où être victime demande une préparation, que l'on a évidemment pas. Ce que se dit la société, c'est que la victime est victime et qu'elle l'est pour toujours. Chez Live for Paris, on essaie de se dire que l'on est "victime en retraite". Arthur Dénouveaux
2009. Un an après la dissolution de "SOS Attentats", Guillaume Denoix de Saint Marc et l’Association des familles du DC10 d’UTA fondent l’Association Française des Victimes du Terrorisme pour continuer un combat qui est encore loin d’être terminé. Les victimes de 2015 et de 2016 à Nice ont, elles aussi, fondé leurs associations aux noms évocateurs comme "Life for Paris", "13onze15" ou la "Promenade des Anges". Là, elles trouvent chaque jour l’énergie nécessaire pour revivre et affronter le rouleau compresseur de l’administration.
Les victimes ont un contentieux avec les terroristes mais aussi avec la société elle-même. C'est l'Etat qui est visé. La société refuse de nous voir parce que c'est anxiogène. Guillaume Denoix de Saint Marc
Je pense que quand on mesure la cruauté de l'homme envers l'homme, on peut avoir son stock de pensées morbides pour des années
Avec :
- Françoise Rudezki, présidente fondatrice de l'association SOS attentats
- Guillaume Denoix de Saint Marc et les membres de l’AFVT
- Thierry Baubet, professeur de psychiatrie à l’hôpital Avicenne
- Catherine Le Du, psychologue clinicienne et Dalila Rezzoug, pédo-psychiatre
- Thierry Vimal
- Florence Askenazy
- Avec les membres de "Life for Paris" : Marine Gauchy, Cécile Baubil, Arthur Dénouveaux, Olivier Laplaud, Alexis Lebrun et Katy
Une série documentaire de Alain Lewkowicz, réalisée par Séverine Cassar
Liens
Améliorer la résilience des victimes d’attentats terroristes. Un document d’analyse du réseau européen RAN, Radicalisation Awareness Network, mars 2018.
Entretien avec Elisabeth Pelsez, déléguée interministérielle à l’aide aux victimes, en ligne sur le site de l’Union Syndicale des Magistrat (juin 2018).
Pour un centre de ressources et de résilience : réparer et prendre soin de la vie : rapport remis à Juliette Méadel, secrétaire d’Etat chargée de l’aide aux victimes, par Françoise Rudetzki.
Fédérations et associations de victimes présentées dans les pages du Guichet unique d’information et de déclaration pour les victimes.
Comment mieux aider les victimes d’attentats ? A écouter dans le Temps du débat du 13 novembre 2019, sur France Culture.
Remerciements
Mireille Delmas Marty, Françoise Rudetski, Loïc Weils, René Simon, Fabienne Brosseau, Sophie Lemaire, Christophe Molmy, Francis Eustache, Guillaume Vaiva, Sébastien Lascoux, Estelle, Caroline Langlade, Anna Hartman, Samira Ada et Julien Spéla et à toutes les victimes des attentats que nous avons rencontré à Paris et à Nice, Jean-Marc Borello président du directoire du groupe SOS, Sami Souid, directeur de PAIRS Paris, Jean-Paul Meloni, Riss et Apolline Thomasset, Montassir Sakhi, Danièle Klein et Philippe Vansteenkiste, les élèves de terminale du Lycée Lucie Aubrac de Courbevoie, l’académie de Reims et le service de la communication de l’Education nationale, Marie-Cécile Castel, Juliette Meadel, Marie Jaudet et Fréréric Rose. Paméla Robertiere. Merci enfin à tous les membres de l’association Life For Paris, de 13onze15, de l’AFVT( Chantal Anglade et Delphine ALLENBACH-RACHET) et de la FENVAC (Sophia Seco).