Cette semaine, une série sur l'Europe depuis le regard des philosophes situés dans l’espace et le temps : depuis l’Afrique, la Russie, l’histoire longue, avec humour et ironie ou au cœur des enjeux les plus graves. Ce soir, avec Yves Cusset, philosophe et comédien.
Yves Cusset était et reste philosophe, et même philosophe de la discussion dans la lignée du grand européen, Habermas, qu’il a étudié. Mais la discussion lui semble aujourd’hui trouver tragiquement sa limite, sa crise, sa guerre peut-être. Il recourt alors à un autre instrument, en dernier recours : l’humour, l’ironie, la parodie. Se fondre dans le discours de l’autre, à défaut de pouvoir dialoguer avec lui. Le sujet tragique des migrants, chez ceux qui refusent de les accueillir. Mais faut-il désespérer de la discussion? L’humour est-il encore un lien ou encore un symptôme. Ce sont des questions qui traversent toute l’Europe, aujourd’hui.
Je crois que sur ces sujets de crispation se révèle un différend démocratique profond. (…) On peut distinguer entre ces différends (…) ceux qui peuvent être pris en charge dans le cadre d’un débat démocratique et des différends qui ne peuvent plus faire l’objet d’une discussion, qui sont juste des révélateurs (…). La thématique des migrants est je crois un révélateur (…) de qui sont nos amis, ceux avec qui nous pouvons discuter, (…) et qui sont nos adversaires, ceux avec qui il n’est même plus possible d’entretenir un débat démocratique. (Yves Cusset)
Donner la priorité à l’asile (…). Il faudrait présumer que la demande d’asile est de la bonne foi. (…) Au lieu de quoi, l’Europe va dans le sens inverse : (…) il faut qu’on distingue le bon et le mauvais réfugié, il nous faut des hotspots, des moyens de distinction, il nous faut une police spécialisée là-dedans… (…) L’Europe, même quand elle veut défendre l’asile, a tendance à tomber dans la traque policière aux faux réfugiés au lieu de présumer ce qui paraît évident, que les migrants ont besoin réellement de cet asile. (Yves Cusset)
Choix musical de l'invité : Le Labyrinthe (Kid Loco Remix), Le Larron, adaptation du poème du même nom de Victor Hugo.
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