Cinq belles histoires de la médecine et leurs conséquences aujourd’hui autour de quelques hommes qui auront marqué leur spécialité : Louis Pasteur, Freud, et d'autres, de quoi réfléchir sur quelques personnages « emeritus ». Ce soir, avec Elisabeth Roudinesco, historienne et psychanalyste.

Explorateur de l’inconscient, Sigmund Freud a pointé l’intérêt des lapsus, des rêves, des actes manqués, des associations libres pour comprendre l’odyssée de l’inconscient. Elisabeth Roudinesco, historienne et psychanalyste, auteur de Freud en son temps et dans le nôtre (Seuil, 2014) nous offre une biographie qui vient éclairer la vie de ce personnage « extraordinarius » qui aura marqué notre histoire. Il y a un avant et un après Freud. Quid de l’interprétation des rêves, des pulsions de vie et de mort, du refoulement, etc. La cure psychanalytique doit-elle évoluer dans le temps, dans ses modalités tout en maintenant une empathie indispensable ? Haine immense autour de cet homme, mais aussi fascination immense pour son œuvre. La psychanalyse peut-elle trouver sa place entre les médicaments neuroleptiques et autres et les neurosciences… ? Mais parlons-nous de la même chose ?
Le désir de se soigner soi-même est considérable dans les sociétés occidentales, avec les défauts que cela a...
Pendant 60 ans, la psychiatrie a porté cette idée magnifique que l'approche de l'être humain devait être triple : environnementale et sociale, psychique, et organique, donc traitée aussi par les médicaments. [...]Ce tripode est terminé. Aujourd'hui, la psychiatrie (à quelques exceptions près) n'est plus que biologique, avec des classifications aberrantes [...]qui correspondent à des comportements et pas à des intériorités. De plus, le traitement est strictement chimique, or, c'est en psychiatrie qu'il y a le plus de causes psychiques.
J'ai tenu à répondre point par point à l'anti-freudisme américain (accusations d'inceste, d'asservissement, etc.). [...]Montrer que le grand théoricien de la sexualité n'était pas si sexué dans sa vie : Freud a fait vœu d'abstinence à l'âge de 40 ans.
La médecine sauve des vies, la psychanalyse sauve des existences. Mais elle ne guérit pas, on ne guérit pas réellement de la folie (névrose), on aménage la subjectivité pour vivre avec.
Freud n'a pas théorisé qu'il fallait forcément payer (les séances), ça, c'est post-freudien. Il était favorable à la cure gratuite. [...]Aujourd'hui, un modèle très correct pour un analyste en privé, c'est de négocier avec le patient ce qu'il peut payer.
Extrait musical : Concerto pour violon de Mendelssohn, interprété par Yehudi Menuhin
Pour en savoir plus :
--> Son CV
Bibliographie
Sigmund Freud en son temps et dans le nôtrePoints, 2016
Lacan envers et contre toutSeuil, 2011
- Historienne de la psychanalyse, chercheur associé au département d’histoire de Paris VII. Collaboratrice du Monde des Livres.