Une nouvelle série, au point de rencontre de plusieurs disciplines, sociologie, anthropologie, démographie, économie et médecine sur un thème porteur d’avenir : vieillir. Ce soir, avec Marie-Jo Thiel, médecin et professeure d'éthique à l'université de Strasbourg.
A une époque où l'allongement de la vie parait être la norme dans de nombreux pays, il est encore difficile aujourd'hui d'appréhender les derniers jours du reste de la vie, pour reprendre notre premier titre de lundi soir. Beaucoup de questions en suspens. Elles sont posées aussi à la médecine. En développant ses connaissances sur l’être humain dans ses relations à son environnement, va-t-elle toucher à l’immortalité ? se demande notre invitée, Marie-Jo Thiel. Soulager, réparer, mais quand il s’agit de régénérer, voire de transformer et d’augmenter (enhance) l’être humain, est-ce toujours de médecine qu’il s’agit ? Ou s'approche-t-on de la science-fiction ?
La machine a des capacités qui ne sont pas celles de l’être humain. Que la machine puisse interpréter des radios, certaines images en dermatologie, c’est normal : on compulse des millions et des milliards de données. Mais la machine ne sait faire que ça ! Alors que le médecin, lui, essaie de tenir compte de l’être humain dans sa globalité, et donc de répondre à sa demande, ce qui est assez différent.
- A propos de l'utilisation de l'expression "perte d'autonomie" :
Si je suis en chaise roulante, et même si j’ai toute ma tête, on dit : « il (ou elle) est en perte d’autonomie ». Mais ça veut dire que je ne vais plus demander le consentement à l’autre ? C’est un risque extrêmement grand. Le langage n’est jamais neutre : je plaide avec vigueur pour que nous changions de terminologie et que nous gardions ce beau mot d’autonomie pour dire la capacité d’auto-détermination.
L’art musical, plastique, le dessin, le chant, sont une manière de permettre aux personnes âges l’expression d’elles-mêmes, permet de faire l’unité de son existence, de rassembler les morceaux épars. (…) Des personnes atteintes d’Alzheimer résonnent encore, sont sensibles à la musique : des chants qu’elles connaissaient dans leur enfance sont restés, alors qu’elles n’ont plus la mémoire, et ne reconnaissent plus leurs proches.
_Extrait lu pendant l'émission : "L'éloge de la vieillesse" de Hermann Hesse, lu par Laurent Terzieff _(émission de Vincent Josse / France Inter).
Revue population et avenir n°739 (téléchargement des articles payant).