Nous recevons le designer Sylvain Dubuisson, en compagnie de Michèle Champenois, puis nous recevrons le géographe Paul Claval, qui fut l'initiateur de ce que l'on a appelé la géographie culturelle, pour s'entretenir avec lui et Thierry Paquot de ce que fut l'urbanisme quand il était principalement soucieux de l'embellissement des villes.
• Indications bibliographiques
Valéry Didelon : Valeur d'usage, valeur d'image : la nouvelle école d'architecture de Nantes, Criticat , n°8, septembre 2011, 128 pages, 14 euros.
La Controverse Learning from las Vegas , Valéry Didelon, Mardaga, 2011, 256 pages, 32 euros.
Sylvain Dubuisson, la face cachée de l'utile , Yvonne Brunhammer, Norma, 2006, 224 pages
Ennoblir et embellir. De l'architecture à l'urbanisme , Paul Claval, Les carnets de l'info, 2011, 296 pages, 19 euros.
La Logique des villes. Essai d’urbanologie , Paul Claval, Litec, 1981, 1982, 634 pages.
Aux débuts de l’urbanisme français. Regards croisés de scientifiques et de professionnels, fin XIX° début XX° siècles , Vincent Berdoulay et Paul Claval dir., L’Harmattan, 2003, 258 pages.
Paul Claval : préface à Brasilia, l'épanouissement d'une capitale , Gérard Monnier dir., Picard, 2006, 184 pages.
Géographie et liberté, mélanges en hommage à Paul Claval , André-Louis Sanguin dir., L'Harmattan, 2009, 760 pages.
• Calendrier
2211-0312 L'exposition de travaux de jeunes architectes Architecture et imaginaire , exposition "générationnelle" montée par Laurent Bony et Léa Mosconi, qui avait été présentée durant une journée seulement à l'école des Beaux-Arts, reprend pour deux semaines dans la Galerie du Crous, 11, rue des Beaux-Arts, 75006 Paris. On y trouvera les travaux de Bertrand Segers, Jean-Christophe Quinton, La Ville rayée, Omar Kadiri et Filipe Lourenço, Clémence La Sagna et Omar Ben Naceur, Georgi Stanishev et William Parlon, Léa Mosconi et Henri Bony
A Madrid, dans deux lieux distincts, une grande exposition Arquitecturas pintadas , architectures peintes (c'est-à-dire faisant l'objet de tableaux) du XIV° au XVIII° siècles, avec la constitution progressive de l'architecture comme sujet même du tableau, comme genre autonome, à partir de la fin du XVII°. La peinture depuis la Renaissance jusqu'au XVII° est présentée au musée Thyssen-Bornemisza, Paseo del Prado : Bellini, Alberti, Carpaccio, une très spectaculaire Babel flamande de Lucas van Valckenborch (pas celle du Louvre mais une autre, qui figure la tour en construction, et qui est à Coblence), les villes imaginaires de Hans Vredeman de Vries, aux perspectives très appuyées, les scènes inspirées de l'antique à la façon de Nicolas Poussin ou de Claude Le Lorrain). Et celle du XVIII° est présentée à la fondation CajaMadrid, établie dans l'ancien mont de piété de la ville, plaza de San Martín. On trouve dans celle-ci, dont l'accès est gratuit, des vedute de Gaspar van Wittel, de Canaletto et Guardi, bien sûr, des "caprices" de Panini, des ruines d'Hubert Robert et du Piranèse. On y compte une douzaine de vues de Venise, des vues de Rome, de Naples, Padoue et Florence, deux vues du Pont-Neuf, et un panorama de Greenwich par Canaletto. Et aussi, parmi les caprices, un collage de Saint-Paul de Londres obturant le Grand Canal de Venise (lui même, avec sur le côté le Palazzo Balbi, figuré d'après une gravure de Canaletto), c'est une œuvre de William Marlow qui est à la Tate et date des années 1795 et, venue d'un musée de Caroline du Nord, une toile de Canaletto justement, datée des alentours de 1750, qui présente la basilique de San Giorgio transportée à deux pas du pont du Rialto.
Catalogue : Arquitecturas pintadas, dal Renacimiento al siglo XVIII , coll., Delfín Rodríguez y Mar Borobia dir., Museo Thyssen-Bornemisza, Fundación CajaMadrid, Madrid, 2011, 436 pages, 38 euros.
1810-2201 www.museothyssen.org et www.fundacioncajamadrid.esArquitecturas pintadas , Museo Thyssen-Bornemisza, Paseo del Prado 8, 28014 Madrid, et Fundación CajaMadrid, plaza de San Martín, 1, 28013 Madrid.
0610-1902 www.barbican.org.uk A Londres, une exposition de l'architecte néerlandais Rem Koolhaas : Oma/Progress , Barbican Art Gallery, Silk Street, City of London, Greater London EC2Y 8DS.
Nous avions parlé il y a trois ans de l'exposition d'un peintre anglais qui s'appelle Blaise Drummond (né à Liverpool en 1967, il vit à Dublin). Après l'Ecossais Peter Doig qui avait montré l'année précédente au Palais de Tokyo plusieurs toiles où figurait l'unité d'habitation de Briey, Blaise Drummond exposait à la Galerie Loevenbruck, établie alors rue de l'Echaudé, des tableaux inspirés eux aussi des architectures de Le Corbusier : la villa Savoye de Poissy et l'unité d'habitation de Marseille. La même galerie lui consacre une nouvelle exposition, cette fois dans les locaux où elle a déménagé l'an dernier, rue Jacques-Callot. Ce sont des toiles curieuses, de tailles diverses, le motif flottant sur des fonds blancs, avec quelque chose d'ironique dans leur figuration de la nature : des arbres à peine torchés d'un coup de pinceau, des feuilles qui ressemblent à des petits papiers chiffonnés de couleurs acidulées, comme ceux qui emballent les bonbons ou les ice-creams et qu'utilise, suspendus à un tronc d'arbre, une petit manège, une sculpture, une sorte de nature morte que le même artiste a installée dans la galerie Loevenbruck.
Ce sont des tableaux qui oscillent entre inachèvement, fausse naïveté, perspectives rigoureusement tracées et compositions colorées venues du monde de l'abstraction ou du minimalisme pictural.
L'architecture y est plusieurs fois présente : notamment avec un immeuble des années cinquante de l'architecte vénézuélien Carlos Raúl Villanueva (1900-1975), peut-être la cité universitaire de Caracas ou bien la faculté d'architecture, mêlée à une icône de la peinture abstraite américaine que Drummond a en quelque sorte plaquée sur sa façade, le tableau Colors for a Large Wall d'Ellsworth Kelly (1951) qui est au MoMa de New York. Cette toile, intitulée de la même manière Colors for a Large Wall (Caracas) , est plutôt grande : 190x270, elle se vend 19 800 euros. On trouvera ainsi plusieurs sujets architecturaux : une villa moderniste américaine anonyme, puis la fameuse maison de verre de Mies van der Rohe, la Farnsworth House de 1951, ou encore un ancêtre, la villa Stein de Le Corbusier à Vaucresson (1927), représentée ici dans une suggestion de paysage alpestre d'expression naïve inspiré, paraît-il, d'une brochure des Témoins de Jéhovah (La Façade libre , 16 800 euros).
La Villa Stein dont plusieurs documents originaux, dessins et maquette sont parallèlement exposés au Grand Palais dans le cadre de la magnifique exposition Matisse, Cézanne, Picasso... L’aventure des Stein .
2110-0312 www.loevenbruck.com Exposition Blaise Drummond, Towards a Unified Theory of Everything , Galerie Loevenbruck, 6, rue Jacques-Callot, 75006 Paris.
• Nécrologie
Le géographe et urbaniste Michel Coquery est mort à 80 ans. Coquery avait écrit sur Oran (se penchant en 1962 sur L’extension récente de (ses) quartiers musulmans), sur Naples en 1963 : Aspects démographiques et problèmes de croissance d'une ville "millionnaire". Il avait publié en 1972 un Atlas urbain des commerces de grandes surfaces en France , qui précédait sa thèse d'Etat de 1975, dirigée par Pierre Georges qui en rendit compte dans les Annales de Géographie et qui était consacrée aux Mutations et structures du commerce de détail en France. Une étude du genre géographique qui faisait une part importante aux dimensions régionales du problème. Pierre Georges (1909-2006) avait été, on le sait, l'un des initiateurs en France d'une géographie régionale, en même temps que de la géographie urbaine, notamment avec La Ville, le fait urbain à travers le monde de 1952, et son Précis de géographie urbaine de 1961. Sa Géographie active de 1965 avait profondément marqué la génération de ses élèves qui, comme Coquery, souhaitèrent participer "activement" à l'aménagement du territoire mais eux dans une perspective souvent marxiste et critique, alors que Pierre Georges, qui en son temps avait pourtant été communiste, avait mal admis le mouvement de 1968, au grand dam justement de ces disciples.
A l'automne 1968, Michel Coquery avait été l'un des créateurs avec Pierre Merlin, du département Urbanisme de la nouvelle université de Vincennes. Ceux qui ont été parmi ses étudiants se souviennent de la chaleur de son enseignement et notamment des voyages d'étude qu'il organisait pour eux. Par exemple vers Londres : on partait de Paris dans un car qu'on embarquait sur un ferry à Dieppe, en direction de Newhaven ou de Portsmouth, et on arrivait à Londres dans la matinée, après une traversée systématique de la ville, une sorte de dissection, de coupe en long qu'il commentait au micro : périphérie, anciens faubourgs et jusqu'à la City, avec des explications sur le régime de la propriété, la rente foncière, les baux emphytéotiques, et la raison de grands squats qui s'étaient répandus dans cette agglomération au tout début des années soixante-dix.
Michel Coquery, qui avait également enseigné à l'Ecole des Ponts et Chaussées (1967-1982) puis dirigé l'Ecole normale supérieure de Saint-Cloud (1990-1995), s'était rapidement centré sur les problèmes du sous-développement, de la croissance, et de l'urbanisme en Afrique, un continent dont sa femme, l'historienne et anthropologue Catherine Coquery-Vidrovitch est l'une des grandes spécialistes, elle qui a dirigé l'ouvrage en deux volumes Processus d'urbanisation en Afrique (L'Harmattan, 1988) et qui a publié une Histoire des villes d'Afrique noire, des origines à la colonisation (Albin Michel, 1993).
Dans un rapport de 1992 sur l'Etat des savoirs sur le développement : trois décennies de sciences sociales en langue française , Michel Coquery avait tenté de synthétiser en une vingtaine de pages ce qu'il en était du point de vue de l'urbanisation et de l'urbanisme, une discipline qu'il entendait comme une "démarche volontariste de maîtrise de l'urbanisation" et pas seulement comme un "objet de connaissance" académique.
• Lecture
Arthur Miller, The Misfits , Esquire , 1957, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par René Masson, Les Misfits , Robert Laffont, 1961.
De cette nouvelle, parue dans le magazine Esquire en octobre 1957, Miller fera ensuite un scénario pour John Huston dont le film sortit en 1961, avec Clark Gable (mort juste à la fin du tournage), Marilyn Monroe (alors mariée à Arthur Miller) et Montgomery Clift. En français Les Désaxés .
• Musique
Jane Birkin, album Rendez-vous (2004), Port-Bail d'Alain Souchon
La rue Watt , Boris Vian, musique d'Yves Gilbert. Ecrit en juillet 1954, le texte de Boris Vian est paru dans ses Cantilènes en gelées . Interprétation de Philippe Clay, 1971
Alexander Kipnis sings Brahms and Wolf, 1935
- géographe, spécialiste du Brésil, de l’épistémologique et de l’histoire des idées géographiques.
- Designer