A l’occasion de son exposition « tu crois que la terre est chose morte » jusqu’au 2 juin au Jeu de Paume, la vidéaste-photographe évoque la fabrique des mémoires, le parti prenant de ses proches dans sa démarche, l’importance de la contextualisation des documents et la place laissée aux impromptus.

Cette exposition propose une mise en perspective de l'œuvre de l’artiste à travers une sélection de films, dont Les paysans, et Confessions d'un jeune militant, et de photographies datant de 2000 à aujourd’hui. A cette occasion, Florence Lazar dévoile 125 hectares, sa nouvelle création conçue en Martinique.

Quand je suis partie en Serbie pour le tournage de mon documentaire « Les paysans », je suis partie avec un outil que je ne maîtrisais pas totalement. Je n’avais pas non plus de sujet précis, en fait je n’avais pas de préalable, le point de départ était seulement d’essayer de comprendre ce qui se passait sur le terrain. Et finalement, le locuteur du film « Les paysans » était la personne que secrètement on cherchait. Je suis partie avec ma mère qui m’a guidée et qui a assuré la traduction, ce qui a créé un rapport intime, lié à une langue qu’elle ne m’a pas transmise. Il y avait ces paramètres qui étaient, d’une part, d’essayer de comprendre une société qui avait basculé dans l’ultra-nationalisme et d’autre part, d’accéder à quelque chose qui m’avait manqué, à savoir la langue de ma mère. Du coup, je suis partie avec cette double position en étant à la fois familière et étrangère.
Ma production artistique repose sur la question du dépassement du témoignage, de la relation entre l’image et le récit, et de l’intrication des deux, de la relation du geste et de la parole. Je ne la systématise pas, dans mes films j’utilise à chaque fois des dispositifs différents, mais, c’est vrai il y a un vrai lien entre eux.
Comme pour « Les paysans », mon film « Confessions d’un jeune militant » s’est fait par défaut. J’avais demandé à mon père de venir avec quelques livres, et il est arrivé avec une valise qui en était remplie. J’ai mis tous les livres par terre et je me suis demandé ce que j’allais en faire. J’ai installé mon père sur une chaise et très simplement, j’ai demandé à mon fils qui devait avoir douze ou treize ans, d’aider son grand-père qui n’était plus tout jeune en lui donnant les livres. Et on a commencé le film.
Extraits
Les Paysans, film de Florence Lazar, 2000
Confessions d’un jeune militant, film de Florence Lazar, 2008
Archives
« Une tempête, d’Aimé Césaire », émission Théâtre et Cie, France Culture, 2013
David Goldblatt, émission « La grande table », France Culture, 2011
Rithy panh, émission « L’avventura », France Culture, 2007
Références musicales
Pauline Oliveros, The roots of the moment
Simon Goubert, C'est là, quelque fois
Benat Achary, J’avais un ami
Prise de son
Pierrick Charles
Information complémentaire
- Artiste vidéaste et photographe