A l'occasion de la sortie son premier film « Tout ce qu’il me reste de la révolution », la réalisatrice nous parle de ses colères, de son besoin de se libérer de l'ombre du totem de mai 68, mais aussi de l'importance du travail collectif, et d'un cinéma qui incite les gens à reprendre la parole.
"Tout ce qu'il me reste de la révolution", de Judith Davis•
Crédits : @Agat films&Cie- Ex nihilo
Angèle avait 8 ans quand s’ouvrait le premier McDonald’s de Berlin-Est… Depuis, elle se bat contre la malédiction de sa génération : être né « trop tard », à l’heure de la déprime politique mondiale. Elle vient d’une famille de militants, mais sa mère a abandonné du jour au lendemain son combat politique, pour déménager, seule, à la campagne alors que sa sœur a choisi le monde de l’entreprise.
Seul son père, ancien maoïste chez qui elle retourne vivre, est resté fidèle à ses idéaux. En colère, déterminée, Angèle s’applique autant à essayer de changer le monde qu’à fuir les rencontres amoureuses.
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Je suis très en colère, et faire quelque chose de cette colère, c’est résister au désespoir et c’est aussi essayer d’être en accord avec ce que je pense, ça teinte mon écriture et mes envies de théâtre et de cinéma d’une immense nécessité.
Le travail avec notre collectif de théâtre « L’avantage du doute » permet d’être assez connecté avec nous-mêmes et avec ce qui peut nous mettre en colère, mais aussi nous inspirer, nous mettre en mouvement par rapport au monde qu’est le nôtre. On essaie de se questionner et de mettre des mots sur la déshumanisation à laquelle on assiste au sein de notre société.
La colère maîtresse, dont découle d’autres formes de colères, c’est la contamination du critère de rentabilité sur toutes les affaires humaines, ce qui a des conséquences dramatiques sur beaucoup de choses, parce que tout devient un produit, nos mots, notre imaginaire. Le film raconte l’histoire de gens qui essaient de se réapproprier la parole. Reprendre la parole, fabriquer du récit, il n’y a que comme ça qu’on pourra inventer une société différente. J’essaie d’inviter les spectateurs à se poser des questions, plutôt qu’à fournir des réponses.
Archives
Eric Hazan, émission « Dépaysage », France Inter, 2003
Claude-Jean Philippe, émission « Le cinéma des cinéastes », France Culture, 1979
Sketch : Francis Blanche et Pierre Dac, "Le parti d’en rire"
Franck Vercruyssen, émission « Par les temps qui courent », France Culture, 2018
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