Nous recevons la poétesse et essayiste américaine Maggie Nelson à l’occasion de la publication en français de deux textes réunis pour la première fois par les éditions du sous-sol : « Jane un meurtre » et « Une partie rouge ».
Fin août 2019, Maggie Nelson était venue à ce micro nous parler de son ouvrage "Les bleuets" qui venait de paraître en France. Elle revient aujourd'hui, et à distance depuis la Californie, nous présenter son dernier livre. Dans ce volume double face, que l'on pourrait qualifier de "livre de Jane", selon la note de l'éditeur, deux textes sont regroupés : "Jane, un meurtre" et "une partie rouge". Ils sont traduits respectivement par Céline Leroy et Julia Deck mais leur écriture et leur publication aux Etats-Unis datent d'il y a plus de 15 ans.
L'écriture de Maggie Nelson mêle autobiographie, fiction et théorie critique. Ses réflexions sur la famille, le genre et les violences sexuelles traversent chacun de ses ouvrages.
Ici, l'autrice donne à lire l'histoire de sa tante assassinée en 1969 dans le Michigan alors qu'elle est encore étudiante. Grâce au texte "Jane un meurtre" composé de poèmes, d'articles de presse, de fragments de journaux intimes et de citations, l'autrice éclaire l'existence d'un fantôme familial qu'elle apprend à connaître à mesure qu'elle écrit. Mais alors que le livre est sous presse, Maggie Nelson apprend qu'un suspect a été arrêté et qu'un procès s'apprête à avoir lieu. "Une partie rouge" est un récit plus formel qui continue d'ausculter les événements relatifs à la mort de sa tante tout en s'arrêtant sur d'autres existences et notamment celles de sa soeur, de son père et de sa mère...
Extraits de l'entretien :
J'ai travaillé sur le livre "Jane un meurtre" pendant des années, je ne savais pas trop ce que je faisais. J'ai mis un certain temps à comprendre que j'avais envie d'enquêter sur la mort de ma tante. Et quand j'ai commencé à faire des recherches, j'ai compris qu'il y avait beaucoup de choses que j'avais besoin de comprendre et besoin d'écrire.
Maggie Nelson, écrivaineJe crois qu’il faut lire énormément puis il faut tout laisser de côté pour trouver sa propre manière d’écrire. Mais je m’inspire souvent d’un texte que j'admire et que j'ai envie d'imiter. Il me sert de consultant et je peux me retourner vers lui si j’ai des difficultés. Ici, j’ai choisi "Le malheur indifférent" de Peter Handke, un livre sur la mort de sa mère.
Maggie Nelson, écrivaine
Quand on veut mener un livre à son terme, la violence endémique contre les femmes est un point de départ mais ce ne serait pas si intéressant si c'était la seule idée que le livre pouvait transmettre. Alors, je suis partie de ce point de départ puis j'ai mis à l'épreuve les mérites de ma compréhension des violences de genre dans ces deux livres. A un moment, je suis arrivée à un point d'épuisement, je me suis même demandé si comprendre ces violences était la bonne approche à avoir. C'est deux livres restent indécis sur cette question là.
Maggie Nelson, écrivaine
Archive
Roland Barthes, monologue de notes vocales inédites, 1976.
Lecture
La comédienne Elodie Vincent lit des extraits de "Jane, un meurtre" et "une partie rouge" de Maggie Nelson.
Références musicales
Oiseaux-Tempête, Ô nuit, ô tes yeux
Lhasa, Rising
Les Beatles, Hapiness is a warm gun
Prise de son
Alexandre Dang
Les Dernières Diffusions
Bibliographie
"Jane, un meurtre" et "une partie rouge"Les éditions du sous-sol, 2021
- Poètesse, essayiste
- Interprète