"Carnets de manifs", recueil de dessins réalisés, entre autre, lors des manifestations des gilets jaunes paraît aux éditions du sous-sol. Cyril Pedrosa et Loïc Sécheresse y interrogent les manifestants sur leurs engagements et représentent les violences policières et la répression institutionnelle.
Alors que le mouvement des Gilets jaunes se déploie depuis quelques mois, deux amis dessinateurs, Cyril Pedrosa et Loïc Sécheresse, souhaitent accompagner et comprendre, avec leurs outils, cette mobilisation inattendue et sans précédent. Refusant d’emblée toute position de surplomb, ils dessinent la foule, croquent des visages, dialoguent avec celles et ceux qu’ils côtoient, retranscrivent paroles et gestes. À Nantes, à Paris, à Saint-Nazaire, à la fois acteurs et témoins, ils campent les manifs climat, la mobilisation contre la réforme des retraites, les actions féministes, etc., ébauchant, sans dessein préalable, le portrait protéiforme d’une (autre) France, en marche – au pied de la lettre. S’y affichent des engagements individuels et des utopies collectives, mais aussi la répression institutionnelle, les violences policières et les mensonges d’État. Ces carnets en témoignent, faisant leur ce mot d’ordre aperçu sur maintes banderoles : On n’oublie rien.
Quelle place pour le dessinateur ?
Avec les gilets jaunes, Loïc Sécheresse et moi, ne savions pas où était notre place, on ne comprenait pas de quoi il s’agissait, qui étaient ces gens, d’où ils venaient et ce qu’ils voulaient. Et il y a eu un moment de désarroi, durant lequel on s’est demandé où était notre place au milieu de tout ça, et à quoi on devait se confronter en tant que dessinateurs. Le mouvement des gilets jaunes est un moment politique historique, il se passe quelque chose d’assez inédit, qu’on a du mal à comprendre dans l’instant, qu’on ne peut comprendre qu’en marche et a posteriori. Quand un moment politique surgit, se pose toujours la question pour chaque personne de la place qu’elle doit prendre dans ce moment historique. Là, je pense qu’il y avait quelque chose à faire, et j’ai décidé de prendre cette place particulière qui est celle de dessiner ce que je voyais, les gens que je rencontrais, de parler avec eux, de leur demander pourquoi ils étaient là, de prendre des notes, et d’essayer de restituer tout ça à l’extérieur de moi. Cyril Pedrosa, dessinateur
Dessiner pour témoigner
Notre motivation principale était la construction d’un contre-discours, mais on ne pensait pas faire un livre, faire récit, on pensait juste faire un contre-discours de l’instant, pour essayer de faire des contre-feux. Lorsqu’on nous a proposé d’en faire un livre quelques mois plus tard, ça a changé notre élan, sans qu’on perçoive tout de suite pourquoi. En fait, on l’a compris le jour où on a rassemblé tous les dessins, parce que là, tout à coup, il y avait une histoire, pas simplement un contre-discours, mais l’histoire d’une bataille qui n’en finit jamais, et qu’il faut quand même mener. Carnets de manifs, c’est un tout petit chapitre de l’histoire des batailles des hommes. Cyril Pedrosa, dessinateur
Archives
Comme un bruit qui court, France Inter, 2019
Grégoire Bouillier, émission "L’heure bleue", France Inter, 2019
Bastien Vivès, émission "Le grand mix", Radio Nova, 2017
Références musicales
Ventre de biche, Flics à ton rythme
Mustapha Skandrani, Improvisations
Michèle Mercure, Rêverie
Prise de son
Jean Frédérix
Les Dernières Diffusions
Bibliographie
Carnets de manifséditions du sous-sol, 2021
- Auteur de bande dessinée