Troisième étape de notre semaine nue. Roland Huesca est professeur à l'Université de Lorraine et membre du Laboratoire lorrain de sciences sociales. Ses recherches portent sur l'histoire et l'esthétique du spectacle vivant: le corps et les dispositifs de ses mises en spectacle, l'art et nudité. Il a signé de nombreux articles sur le corps nu en scène, en danse notamment, et prépare actuellement un ouvrage sur ce thème, à paraître l'an prochain aux éditions Jean-Michel Place.

Il s’agissait lundi d’interroger l’usage politique et militant qui pouvait être fait de la nudité. Il s’agissait hier de regarder la nudité d’une Eve peinte par Bonnard et Gauguin, entre autres artistes. Aujourd’hui, acteurs et danseurs se dénudent. A chercher des lieux publics communs, collectifs, pour penser la nudité, en faire l’expérience, nous ne pouvions pas passer à côté de la danse ou du théâtre qui, depuis plusieurs dizaines d’années, mettent à nu, littéralement ou symboliquement, leurs interprètes. Nous nous demandions hier ce qui était peint ou sculpté quand peinture et sculpture s’emparaient du corps féminin sous la figure générique de Eve; nous nous demandons aujourd’hui ce qui est dansé ou joué quand, sur scène, la nudité est à l’œuvre. Prononcer cette phrase entend déjà que la nudité est active. Qu’elle peut quelque chose. Qu’elle prononcerait quelque chose, en soi. Probablement que la dénudation ne dit pas toujours la même chose; en tous cas, que le langage qu’elle articule à partir des corps ou avec eux, a évolué à mesure que chorégraphes et metteur en scène l’ont utilisée, notamment depuis les années 1990; qu’a à la nudité littérale se sont peut-être substitués des enjeux de temps nus et de prises de parole nues.
Roland Huesca, professeur d’esthétique, est notre invité cet après-midi. Ses recherches sur le spectacle vivant, entre histoire et esthétique, questionnent les liens entre art et nudité. Il nous aidera à penser le nu sur scène.
**La chorégraphe Anne Collod crée en 2008 Parades & changes, replay in expansion , une réinterprétation de Parades & changes de Anna Halprin (1965), pièce interdite aux USA pendant 25 ans pour cause de nudité.

Pour commencer, Benjamin Lazar poursuit* le déballage de ses rayons littéraires. Très touché, inspiré, intéressé par l’époque baroque, il lit le Marquis de Sade avec autant de plaisir, et non sans malice. Il choisit pour ce jour un extrait de La Nouvelle Justine* .
Le Polaroïd du jour est une pluie de petits triangles bleus et rouges.
Vers 16h50, c'est toujours la poésie de Sylvia Plath qui se niche dans vos cochlées: A la bougie , extrait du recueil Arbres d'hiver (Gallimard), nous est lu par Claude Mathieu de la Comédie-Française..
Programmation musicale
Francesco Filidei, Toccata pour piano forte
The Animen,Harder than stone
Dirty Beaches, Night walk
Diana Ross, Upside down
Archives INA
Le chorégraphe Jérôme Bel , sur son travail des corps dans ses spectacles et sur les polémiques soulevées par certains d’entre eux:
Hors-champs , F.C, 20.04.2010
Radio Libre , F.C, 30.12.2000
A portée de mots , France Musique, 10.01.2006
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- historien, écrivain