La crise nucléaire iranienne
La presse européenne revient ce matin sur le dossier du nucléaire iranien. Ce vendredi, à Vienne, les membres de l'Agence Internationale de l'énergie atomique, l'AIEA sont réunis pour une deuxième journée consécutive. Et selon toute vraisemblance, ils devraient demander le renvoi du dossier iranien devant le Conseil de sécurité des Nations Unies. Ce qui serait considéré ... par Téhéran ... comme un geste extrêmement offensif (nous y reviendrons). Mais on ne peut pas encore parler de crise "ouverte", croit savoir le patron de l'AIEA. Mohamed El Baradei... estime même qu'une fenêtre d'opportunité est maintenant ouverte, pour que la tension redescende. Le Guardian de Londres détaille la proposition d'El Baradei : "L'Iran pourrait pendant 10 ... ans suspendre ses travaux d'enrichissement d'uranium. Et obtenir ensuite la bénédiction de la communauté internationale ... pour reprendre son programme nucléaire civil, à condition qu'un climat de confiance ait été restauré". "Un gel de 10 est toujours mieux qu'aucun moratoire", souligne un diplomate occidental. Et surtout ce renvoi du dossier devant l'ONU n'est pas synonyme de sanctions à l'égard de Téhéran, se plaisent à souligner tous les membres de l'AIEA. "Nous ne cherchons pas à punir l'Iran", dit même le représentant américain " nous cherchons une approche calibrée et une réponse graduée". D'ailleurs souligne le quotidien the Scotsman : si la Russie et la Chine se sont ralliés finalement à l'idée de déférer la question nucléaire iranienne devant le Conseil de Sécurité, elles ne le font qu'à condition qu'aucune mesure ne soit décidée avant le mois de mars (date où l'AIEA rendra son rapport) Le geste, cependant de transférer le dossier est en soi une victoire pour les Etats-Unis, qui le demandent depuis 2 ans rappelle The Guardian. Et seuls une poignée d' Etats membres du Conseil des gouverneurs de l'AIEA pourraient le refuser : Cuba, la Syrie, la Biélorussie ... et le Vénézuella qui se dit "totalement opposé" à la démarche actuelle. Pour l'Iran en tous cas, si vote il devait y avoir aujourd'hui, cela serait vécu comme une véritable agression. "Reculez ou nous répliquons" titre ainsi le Guardian, qui a recueilli hier la première interview donnée par le Ministre des affaires étrangères iranien à la presse Occidentale. Manoucher Mottaki était en visite à Londres pour une conférence de deux jours, consacrée à l'avenir de l'Iran ... et il en a profité pour accuser les Etats-Unis de tirer les ficelles de cette crise nucléaire. S'il devait y avoir une actions militaire américaine ou israélienne, nous répliquerions par tous les moyens, prévient le chef de la diplomatie. Et si le dossier est traduit devant l'ONU ... nous cesserons toute coopération avec l'AIEA. L'Occident regrettera très vite son geste : le traité de non prolifération nucléaire, serait la première victime - poursuit Mottaki. Il n'a pas voulu dire, cependant, si le régime iranien (accusé d'attiser des troubles en Irak) utiliserait ce terrain là pour réagir. "Notre réponse correspondra en tous cas à pression politique, économique, voire militaire" de l'Occident a expliqué le Ministre iranien, qui ne pense pas qu'Israël notamment ait les reins assez solides pour se lancer dans une attaque contre Téhéran. Pourtant rien n'est encore joué, assure Mottaki, l'AIEA peut encore retarder les choses et ne rien transmettre à l'ONU avant le 6 mars "Il est encore temps pour nos amis européens, dit le diplomate, de prendre une sage décision et d'éviter tout faux pas". Enfin le Ministre iranien a souligné que Georges Bush avait menti aux Américains pendant son discours sur l'Etat de l'Union ... en présentant l'Iran comme un peuple tenu en otage par une petite élite cléricale. "Dans six jours, pour la fête d'Ashura à Téhéran, le peuple iranien répondra (par sa ferveur) aux commentaires de Bush" Un journaliste du Guardian, s'est rendu lui à Téhéran, devant l'ancienne ambassade des Etats-Unis, théâtre de la prise d'otage de 1979. Il y a une génération les liens entre l'Iran et les américains étaient si différents rappelle l'envoyé spécial, qui a rencontré plusieurs jeune iraniens persuadés que Bush est leur pire ennemi. Tous ont écouté le discours sur l'Etat de l'Union du président américain. "Les Etats-Unis veulent diviser la société iranienne, mais ils n'y parviendront pas", dit ainsi Ahmad Alvi, un garçon de 25 ans qui milite chez les volontaires islamiques. "la prise d'otage de l'ambassade américaine était une bonne chose, car à l'époque les diplomates nous espionnaient et chacun sait qu'ils voulaient faire échouer la révolution islamique" . "Aujourd'hui les Etats-Unis veulent tisser une relation avec nous, mais ils nous imaginent volontiers dans le rôle de l'agneau ... et eux seraient le loup. L'Amérique a un problème avec notre indépendance", poursuit le jeune homme. C'est une réflexion qui traduit bien l'état d'esprit des iraniens de la rue assure Robert Tait ... qui a aussi interrogé un employé d'une PME : "nous ne pouvons pas avoir de relation amicale avec les Etas-Unis parce que cela voudrait dire tomber sous leur contrôle", assure ce garçon de 23 ans. "Les iraniens ne veulent pas être dépendants des américains" . En face de l'ambassade ... un homme vend des CD-Roms, qui présentent soit disant des images, prises depuis la tanière des diplomates américains, qui seraient en train d'espionner l'Iran. "Ce sont principalement des touristes qui achètent ces images", assure le vendeur, " des touristes américains justement qui se montrent plus intéressés que les iraniens". Voilà qui constitue une petite lueur d'espoir ... estime le Guardian. Enfin, je vous invite à lire également, les articles du Times et du Herald Tribune, qui reviennent sur l'accord donné hier par le parlement néerlandais. Les Pays-bas s'apprêtent en effet à mobiliser 1 400 hommes en Afghanistan, dans le cadre de l'ONU ... ce qui là bas fait quelques vagues. Et puis, à lire aussi dans le Guardian, les révélations d'un professeur de droit international, qui aurait scripté tout un entretient tenu entre Tony Blair et George Bush ... le 31 décembre 2003. Deux mois avant l'invasion de l'IRAK par les Etats-Unis. On y apprend que le premier ministre britannique avait assuré le président américain de la SOLIDITE de son soutien, alors que Georges Bush annonçait qu'il entrerait en guerre contre l'Irak qu'il y ait ou non des armes de destruction massives sur place. Un soutien TOTAL donc, que Tony Blair a pourtant nié à plusieurs reprises, devant les députés britanniques ... et dont on aurait donc la preuve aujourd'hui

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