Les chefs d'Etat et la guerre ... Voilà donc ce à quoi l'Histoire semble se réduire ... toujours ... et encore ... La statue de Winston Churchill n'a pas été érigée devant le Parlement pour commémorer son action au ministère des finances ... écrit THE GUARDIAN ce matin ... Et aux Etats-Unis ... comme partout ailleurs ... là aussi ... et bien la réputation d'un chef d'Etat se mesure à sa capacité à mener la guerre ... Pour le pire ... comme pour le meilleur ... c'est généralement la seule chose que l'on retient de lui. Comme George Bush ... Barack Obama est officiellement devenu cette nuit un président de guerre écrit pour sa part LE TEMPS en Suisse ... Le Prix Nobel de la paix a fini par dévoiler hier soir aux Américains sa nouvelle stratégie afghane ... : l'envoi de quelque 30 000 hommes supplémentaires ... avec l'assurance que ce conflit ne durerait pas éternellement. C'était sans doute la décision la plus attendue ... et peut-être même la plus lourde de conséquence de sa jeune présidence ... renchérit son confrère de LA TRIBUNE DE GENEVE .... Depuis janvier dernier ... date de son investiture ... la fatigue a gagné les américains devant une guerre lointaine ... et la plus longue de l'ère moderne américaine après le Vietnam. Et parce que les fantômes du Vietnam justement ... mais aussi de l'Irak ... continuent à hanter les couloirs de la Maison Blanche écrit EL PAIS ... Barack Obama n'avait finalement guère d'autres choix que d'accélérer le calendrier ... Ce qu'il a fait ... En clair ... renforcer l'effort de guerre et le déploiement des troupes en Afghanistan ... pour précipiter la paix et leur permettre de rentrer à la maison plus rapidement ... Une manière tout à la fois de rassurer les militaires ... mais aussi les parlementaires ... réticents à l'idée de puiser indéfiniment dans les caisses de l'Etat ... sans oublier les citoyens américains ... lassés de voir revenir leurs boys dans des cercueils ... une manière enfin de rassurer des Afghans et des Pakistanais inquiets de l'avancée des talibans. Et c'est vrai que pour Barack Obama ... et bien les contradictions à surmonter étaient nombreuses ... précise de son côté LE TEMPS ... : laisser entrevoir la fin de la guerre ... tout en se montrant prêt à la mener à son terme ... quelles qu'en soient les conséquences ... Apporter le plein soutien aux soldats ... mais ne pas cacher les incertitudes qui ont fait traîner en longueur la prise de décision ... Expliquer le soutien apporté au président Hamid Karzaï ... tout en insistant sur ses faiblesses ... En clair ... le commandant en chef de l'armée devait rassurer le pays sur sa détermination. Car si l'on en croit toutes les enquêtes d'opinion ... précise EL MUNDO ... les Etats-Unis seraient aujourd'hui plus que jamais divisés ... entre d'un côté ... ceux ... majoritairement démocrates ... qui se prononcent pour un retrait immédiat ... et puis de l'autre ... ceux ... généralement proches des milieux républicains ... partisans plutôt d'une escalade militaire ... Confronté à ce dilemme ... Barak Obama a donc finalement opté pour une stratégie susceptible de satisfaire peu ou prou chacun des deux camps ... ou dit autrement écrit le quotidien madrilène ... une stratégie susceptible de ne pas trop les contrarier. Dans un monde parfait bien entendu ... Obama n'aurait pas eu à choisir entre l'envoi ou le retrait de troupes en Afghanistan ... précise de son côté THE LOS ANGELES TIMES ... Et le simple fait qu'il ait eu choisir prouve bien qu'il se devait impérativement d'inclure dans sa stratégie chacune des deux options. En réalité ... voilà plusieurs mois que le président Obama tente de répondre aux questions du sénateur Obama ... écrit pour sa part ... THE SLATE MAGAZINE ... L'examen de la stratégie présidentielle en Afghanistan aujourd'hui se concentre en effet sur les mêmes sujets qu'Obama avait lui même soulevés auprès de Condoleeza Rice ... en janvier 2007 ... lorsqu'il n'était encore que sénateur ... et que la secrétaire d'Etat justifiait l'augmentation du nombre de soldats envoyés en Irak .... Le sénateur Obama voulait alors savoir comment le président comptait forcer un partenaire rétif à s'exécuter ... et à quel moment il dirait «maintenant ça suffit» ... dans le cas où aucun progrès ne serait fait ... A l'époque Obama se concentrait sur trois points ... Existait-il un contrat entre les gouvernements américain et irakien comprenant des étapes mutuellement consenties que les Irakiens s'engageaient à atteindre pour montrer qu'ils étaient en train d'établir un gouvernement durable ? ... L'envoi de futures troupes et de financements serait-il soumis à la condition que les Irakiens atteignent ces étapes ? ... Et enfin quelles étaient les conséquences prévues dans le cas contraire ? ... en ce sens écrit SLATE MAGAZINE ... l'enjeu du discours que le président a dressé hier était de savoir en somme s'il serait capable de passer son propre test ... une marche à suivre claire pour une stratégie de sortie ... et des mesures visant à s'assurer que le gouvernement du président Karzaï non seulement réduira le niveau de corruption mais sera capable aussi de mettre en place une armée viable ... Hier ... Obama a promis une espèce de projet aseptisé ... qui mesure les entrées et les sorties ... et signale les endroits où un peu de calibrage permettra de tout faire rouler ... Le bénéfice politique de tout cela est que plus le président indiquera clairement le chemin de la sortie ... plus il lui sera facile de convaincre les gens qu'une augmentation du nombre de soldats est nécessaire pour l'atteindre ... Mais comme l'a souligné le sénateur de l'Illinois dans son célèbre discours de 2002 contre la guerre en Irak ... même les engagements couronnés de succès ont une durée et un coût ... impossibles ... à déterminer.
Obama chef de guerre
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