La CSU, allié majeur d'Angela Merkel au gouvernement allemand, a subi dimanche un revers électoral cinglant dans son fief de Bavière. En Afrique du Sud, le président Ramaphosa veut rendre leurs terres aux communautés noires. Julian Assange, réfugié ou détenu à l'ambassade d'Equateur à Londres?

Rarement une victoire électorale avait été aussi amère que celle des chrétiens-sociaux allemands, hier en Bavière.
La CSU qui remporte le scrutin régional dans son fief historique, mais qui perd la majorité absolue au Parlement régional avec "seulement" 37% des voix. C'est "une débâcle"... peut-on lire, ce matin, dans Der Spiegel, et on en jugera avec les images de cette soirée électorale : mines déconfites et "silence d'horreur" au QG de la CSU, qui voit son score réduit de 10 points par rapport aux dernier scrutin, quand le parti arrivé second, les Verts, a célébré son score dans la liesse : ses leaders se sont même offert une séance de stage-diving, sautant depuis la scène dans la foule déchaînée. Ambiance donc de concert rock, pour les Grünen, crédités de 18% des voix.
In München, Nürnberg, Augsburg, Regensburg, Ingolstadt, Würzburg, Fürth und Erlangen - Bayerns Städten mit mehr als 100.000 Einwohnern - wählten 30 Prozent die Grünen. #LtwBayern#ltw18byhttps://t.co/Mz7aPoVVat
— DER SPIEGEL (@derspiegel) October 14, 2018
"La Bavière n'appartient plus à la CSU", en déduit Der Spiegel, et c'est bel et bien "un séïsme fédéral bavarois". Ce que confirme le quotidien munichois l'AbendZeitung pour qui, aussi in-imaginable que cela aurait pu paraître il y a quelques mois, "Munich s'est mis au vert". Les circonscriptions de la capitale bavaroire ont plébiscité les écologistes centristes, au détriment donc des conservateurs, alliés d'Angela Merkel dans la coalition de gouvernement mais desservis par une ligne très à droite et des tensions très vives avec la chancellière.
La défaite est cinglante, également, pour l'autre partenaire de gouvernement, le SPD, qui n'a pas réussi à conquérir le moindre siège à Munich. Et voilà qui pousse Die Welt à se demander si cette défaite des participants à la "GroKo", la grande coalition au pouvoir à Berlin, ne pourrait pas précipiter "la fin" de cette alliance, que l'on sait moribonde depuis des semaines.
Die @CSU verliert stark, aber nur wenige Direktkandidaten müssen wirklich zittern. Manche Stimmkreise muss sie aber abgeben: https://t.co/OD2YkQo0ps#ltwby18 (Stand: 15.10.2018, 02:10) pic.twitter.com/ABYckPCxLT
— Süddeutsche Zeitung (@SZ) October 15, 2018
Mais l'entourage de la chancellière, lira-t'on dans le SudDeutsche Zeitung, fait tout pour que la défaite d'hier reste une péripétie régionale. Angela Merkel est même tentée de voir le positif, dans l'épisode bavarois d'hier, en ce qu'il affaiblit le leader de la CSU Horst Seehofer, ministre de l'Intérieur et principal frondeur au sein de la GroKo. Il est sans doute encore trop tôt pour enterrer cette dernière, concluent ce matin les journaux allemands, qui gardent l'avis de décès au chaud, en attendant le prochain test électoral : ce sera dimanche prochain dans le Land de Hesse, la région de Frankfort.
En Afrique du Sud, le président Cyril Ramaphosa avait revêtu ce dimanche le costume traditionnel zoulou.
La peau de léopard et le bouclier rituel, pour le chef d'Etat sud-africain, en terre zoulou, donc, dans le nord-est du pays, pour y faire une annonce particulièrement attendue
"Nous célébrons la restitution des terres au peuple de cette région, nous faisons l'Histoire!!" a-t-il déclaré sous les applaudissements, et il a ajouté que ce n’était que la première étape d'une grande réforme agraire qui va redistribuer les terres agricoles, au profit "du peuple". Comprenez, des communautés noires sud-africaines qui avaient été expropriées sous l'apartheid.
The Independent Online nous précise que cette première étape symbolique prévoit de rendre aux zoulous 4586 hectares de terres sur lesquelles vivait la communauté zoulou, il y a plus de cent ans : au moment de la première guerre mondiale, le territoire avait été saisi pour servir de récompense aux soldats blancs qui reviendraient des combats en Europe. Dans les années 1940 les zoulous avaient également été déplacés de force pour laisser leurs terres à l'exploitation forestière et sucrière. Ils récupèrent donc aujourd'hui leur possession : "mieux vaut tard que jamais", déclarait hier Cyril Ramaphosa, cité cette fois par le site d'info sud-africain NEWS24.
Ramaphosa promet d'accélérer les retours de terres aux Noirs en Afrique du Sud https://t.co/mqBnih1DO9pic.twitter.com/7kpiqKnrF1
— VOA Afrique (@VOAAfrique) October 14, 2018
Il s'agit, selon le président, de "réparer un pêché originel" : "cela aurait du être fait depuis longtemps", dit-il, et c'est une manière, nous explique la Voix de l'Afrique, de prendre ses distances critiques, avec son prédécesseur Jacob Zuma tombé à force de scandales des corruption. Ramaphosa, avec sa réforme agraire, veut ramener son parti, l'ANC, dans le coeur de l'électorat paysan et noir en vue des élections générales qui se tiendront au printemps prochain. Il se dit prêt à "modifier la Constitution et à organiser des expropriations... sans indemnisations" s'il le faut. La Voix de l'Afrique nous rappelle que les terres en Afrique du Sud restent "largement aux mains de la minorité blanche, même un quart de siècle après la fin de l'apartheid".
Des nouvelles d'un embarrassant reclus : l'Australien Julian Assange, fondateur de Wikileaks est-il réfugié ou détenu dans les locaux de l'Ambassade d'Equateur à Londres?
Sa situation inextricable est évoquée ce matin dans la presse anglophone, à commencer par le Washington examiner qui nous apprend qu'Assange va sortir de six mois de nuit médiatique. Depuis mars, l'Equateur le privait de tout accès à l'extérieur, internet, téléphone et mêmes visites privées. Mais après l'intervention de l'ONU qui a dénoncé ces derniers jours auprès du président Lenine Moreno la "détention arbirtraire" de l'australien, Quito a accepté de faire un geste en lui redonnant "une fenêtre sur le monde extérieur", à savoir une connexion internet.
Ecuador restores internet access to Julian Assange in embassy base – reports https://t.co/ewz9L6XAsb
— Guardian Australia (@GuardianAus) October 14, 2018
A Londres The Guardian nous rappelle que ce "régime sec" imposé au premier des lanceurs d'alerte avait été mis en place parce que Julian Assange ne respectait plus les règles passées avec ses hôtes, en exprimant ses opinions souvent sulfureuses sur les réseaux sociaux.
De "réfugié", dans l'ambassade qui l'avait accueilli pour le protéger d'une extradition vers la Suède où les Etats-Unis, il est donc devenu progressivement devenu un très encombrant" détenu" dont les équatoriens ne savent plus du tout comment se débarrasser.
A ce sujet on relira cette enquête publiée, il y a deux semaines, toujours dans le Guardian : on y révélait comment des diplomates russes avaient monté toute une opération secrète pour sortir discrètement Assange de l'ambassade londonienne et l'exfiltrer vers Moscou pendant la dernière nuit de la Saint-Sylvestre. Le projet avait finalement été abandonné car jugé "trop risqué".