Quel est le secret professionnel de la cravate décente ? Nous recevons pour en parler Jean-Claude Colban, qui dirige donc la maison Charvet à Paris.

L’homme est réduit à l’état de cheminée. Il est habillé en noir ou en couleurs sombres. Il ne peut porter que des pantalons et des souliers plats, en aucun cas de maquillage. C’est peut-être par hypocrisie qu’il le fait, l’hypocrisie du pouvoir qui veut persuader qu’il n’est pas pouvoir, à moins que ce ne soit pour faire croire à son sérieux, le sérieux étant assimilé à la sobriété. Comme si Louis XIV avec ses fanfreluches n’avait pas été sérieux ! Le régime politique conditionne cela, sans doute. Un politicien démocrate qui doit se présenter devant des électeurs doit faire semblant d’être comme eux (et peut-être l’est-il), tandis qu’un roi absolu n’a de comptes à rendre qu’à son miroir. L’homme n’a aujourd’hui plus droit à aucune fantaisie d’habillement. Si, tout de même, une. Fine, étroite, presque rien en surface, mais importante pour la couleur et la variété des motifs ? La cravate, c’est l’unique objet lui permettant la fantaisie.
Bibliographie
François Chaille, La grande histoire de la cravate , Flammarion
L’abécédaire de la cravate , Flammarion
Eugène Marsan, Notre costume, A la lampe d’Aladin


