"Ce qui a engendré la critique dramatique, ce n’est pas le théâtre, c’est la presse. La presse n’étant pas créatrice, elle commente. En France, c’est dans La Gazette de Renaudot, sous l’Ancien Régime, qu’on a vu le premier compte rendu d’une pièce. C’était le 22 mars 1635, pour dire que le ballet La Merlaizou , autrement dit la chasse aux merles, représentée 6 jours plus tôt, était admirable. L’auteur du ballet était le roi de France. Aurait-on pu dire à Louis XIII que sa pièce était mal construite et qu’il avait mal joué, puisqu’il l’avait interprétée en plus de l’avoir écrite ? Les premières vraies critiques ont paru dans Le Mercure de France au cours du XVIIIe siècle, plus précisément en 1730, à propos des Jeux de l’amour et du hasard de Marivaux. Les grands journaux du XIXe siècle ont fait les critiques influents. Jules Janin, dans Le Figaro des années 1830 à 1845, a contribué au succès ou à l’échec de bien des pièces. Et cela a continué. Je pourrais dire, en simplifiant à peine, que la bonne critique dramatique, en France, a avancé sur deux pieds : le pied Paul Léautaud et le pied Roland Barthes. Une critique de plaisir, une critique intellectuelle. Sur quel pied avancent les critiques dramatiques d’aujourd’hui ? Quel est le secret professionnel de ce métier qui a perdu beaucoup de ses troupes ? Je reçois pour en parler Armelle Héliot, critique dramatique au Figaro."
Charles Dantzig
Bibliographie
Paul Léautaud, Entretiens avec Robert Mallet , Gallimard
Paul Léautaud, Le théâtre de Maurice Boissard , Mercure de France
Roland Barthes, Ecrits sur le théâtre, Points Seuil 2002
Pierre Brisson Au hasard des soirées , Gallimard 1935
JJ Gautier, Deux fauteuils d’orchestre , Flammarion 1962
Paul Ginesty, Place au théâtre , Berger-Levrault, 1932
Guy Dumur, L’Expression théâtrale , Gallimard, 2001
Florence Dupont
Marcel Schwob, Œuvres , Les Belles Lettres
Florence Dupont, Aristote ou le Vampire du théâtre occidental, Aubier