Un documentaire de Pascale Fossat et Thomas Dutter
A Berlin, le 9 novembre, on peut voir de petites bougies sur les "Stolperstein", ces pierres trébuchantes dorées qui disent que des familles juives ont habité là et ont été déportées à Thérésienstadt. Evocation du 9 novembre 1938 : la nuit de cristal.
Faut-il tourner la page, tirer un trait ou au contraire déterrer les vieux secrets même s’ils sont toujours aussi difficiles à entendre ?
Hans Werk a passé sa jeunesse dans les mouvements hitlériens et la SS. Contrairement à la plupart des hommes et femmes allemands de sa génération, il accepte d’expliquer son endoctrinement avec des aveux entrecoupés de longs silences, d’amnésies, de secrets, de culpabilité. Dans son petit pavillon de Spandau, il montre comment il est passé d’une position à une autre, du nazi SS à un cheminot militant social démocrate.
Il est parti comme sont partis les grands-pères de Claudia Schroeder et de Patrick Saint-Paul .
Claudia Schroeder, spécialiste de l’histoire des civilisations moyennes orientales, était enfant à Berlin au temps de la RDA. D’une dictature à l’autre, sa famille a vécu dans une société de propagande collective où l’individu avait peu de place.
Patrick Saint-Paul, correspondant du Figaro à Berlin, nous mène dans la petite gare de Grünewald à côté de laquelle ses parents ont habité quelques temps. Un mémorial a été inauguré « seulement l’année dernière ». Sur le bord du quai 17, des plaques mentionnent chaque convoi, le nombre de juifs déportés et la destination finale, le nom du camp de concentration.
« On a toujours dit que l’holocauste a été décidé dans le secret des bureaux, mais ici les gens savaient et ils savent encore mais ne veulent pas en parler.. Malgré tous les efforts de « mémorialisation », la dénazification n’a pas eu lieu en Allemagne. Les responsables ont été jugés, et encore pas tous, mais les familles évitent encore le sujet. Chez nous, il n’y a plus de repas de familles du dimanche depuis la fin de la guerre, comme cela les questions dérangeantes ne sont pas posées ». Patrick Saint-Paul
Tous deux luttent contre l’effacement des traces et cherchent des réponses, ils ouvrent les albums de photos, et les malles dans les greniers. Ils veulent savoir ce qui s’est passé, pour pouvoir à leur tour l’expliquer à leurs propres enfants.
Avec :
Hans Werk , ancien des jeunesses hitlériennes et SS, aujourd’hui cheminot à la retraite,
Patrick Saint-Paul , correspondant du Figaro à Berlin
Claudia Schroeder , historienne,
Francine Stuckart , psychanalyste,
Ralf Klingelhoefer , caméraman.
Production : Pascale Fossat
Réalisation : Thomas Dutter
Mixage : Manuel Couturier