Un documentaire de Nedjma Bouakra et Julie Beressi
« Il faut bien mettre le Mal quelque part »* (Phrase tirée du film *L'ordre de Jean Daniel Pollet)

Plus vieille que l’Ancien Testament, la lèpre maladie criblant la peau de Myriam traversant le désert ou formant des taches indélébiles sur les momies coptes enfouies sous le sable d’Egypte, n’a jamais totalement disparu. Aujourd’hui, la lèpre continue de rallier infamie, exclusion et solitude.
Madagascar, l’île rouge, reste l’un des 5 pays les plus concernés d’Afrique alors que le bacille de la lèpre n’y est pas plus virulent qu’ailleurs. Pour le Docteur Bertrand Cauchoix, la lèpre est la maladie qui signe la vulnérabilité d’une population. S’installant à bas bruit sur plusieurs années, parfois jusqu’à sept ans, elle ne marque que tardivement le corps et se propage dès lors dans l’entourage: « Il n’est pas rare de trouver une personne contaminée puis une quinzaine dans un même village » confirme le médecin.
A Madagascar, chaque année plus d’un millier de cas de lèpre à un stade avancé voire sévère, sont découverts. Ni les diagnostics posés, toujours trop tardifs, ni la révolution thérapeutique apportée dans les années 1980 par l’utilisation de la PCT (Polychimiothérapie), n’ont pu éteindre l’épidémie devenue endémique. Et pourtant en 2006 l’OMS déclare la lèpre «statistiquement » éliminée à Madagascar. Peu à peu les léproseries sont fermées, transformées en dispensaires ouverts, tandis que le sort des lépreux est scellé : ils peuvent retourner vivre parmi les hommes « normaux » pourtant ils sont restés pour les autres « des lépreux». Durant l’enquête ils ont témoigné errant près des anciennes léproseries installées aux confins des campagnes ou survivant dans des villages isolés où ils s’organisent une vie.
Avec :
Les témoignages **dans les communautés villageoises fondées par Sœur Jeanne Rohner
**Dr Bertrand Cauchoix médecin conseil pour le programme lèpre à Madagascar
Sœur Clémence