Les traces laissées par Dulcie September.

Rapport de police du 29 mars 1988 « A 10 heures, au 28, rue des Petites-Ecuries, à Paris 10e, était découvert le cadavre d’une femme mortellement blessée de plusieurs coups de feu sur le palier du 4e étage du bâtiment C devant les bureaux de l’ANC (African National Congress), organisation anti-apartheid. Carte de résident temporaire au nom de September Dulcie Evon, née le 20.08.1935 à Cap Town, République sud-africaine, domiciliée au 7, avenue de la Convention à Arcueil (94). Célibataire. Représentante de l’ANC pour la France, la Suisse, le Luxembourg."
Voici comment a commencé l’affaire Dulcie September, assassinée en plein Paris, 3 ans avant la fin de l’apartheid et la libération de Nelson Mandela. Presque 30 ans après les faits, que sait-on de ce meurtre politique sur lequel les autorités françaises de l’époque n’ont pas montré beaucoup d’empressement pour enquêter ?

2nd épisode : Une vie entre mémoire et oubli
Vous pouvez abattre un régime d'apartheid, mais les traces de l'apartheid, les manières dont elles marquent l'esprit ont une profondeur qui nécessite sans doute plusieurs générations pour être surmontées.
« Ici vécut de janvier 1987 à mars 1988, Dulcie September, représentante de l'African National Congress en France assassinée le 29 mars 1988 par l'apartheid. » Voici le texte d'un petit morceau de marbre installé sur la façade d'un bâtiment, situé au 7, avenue de la Convention à Arcueil où la militante avait trouvé refuge. Elle résidait gratuitement dans un appartement mis à sa disposition par la mairie très active contre l’apartheid. Ce n’est donc pas surprenant si un collège porte le nom de la défunte dans la ville depuis 1990. Ici personne ne l’a oubliée. Et dans son pays d’origine ? Pas de places, ni de rues pour commémorer sa mémoire. Depuis deux ans pourtant, la comédienne sud-africaine Denise Newman dit un monologue qui retrace la vie de la militante assassinée. Titre original : Cold case revisiting. Dulcie September. En français : « Dulcie September. Une affaire classée ». Vraiment ?
Avec
- Daniel Breuiller, ancien maire d’Arcueil,
- Georges Lory, traducteur de littérature sud-africaine,
- Jacques Perreux, vice-président du conseil général du Val-de-Marne, ancien secrétaire national des jeunesses communistes dans les années 80.
Un documentaire deMichel Pomarède, réalisé par Jean-Philippe Navarre. Textes de l'auteure Denise Newman "Dulcie September" lus par Mylene Wagram. Documentation musicale : Virginie Gresset. Archives INA : Amélie Briand Le Jeune et Viviane Lefevre.
BIBLIOGRAPHIE
Jacqueline Derens : « Dulcie September une vie pour la liberté. » Editions Non Lieu.
Nelson Mandela : Un long chemin vers la liberté/ Livres de poche
François Xavier Fauvelle : Histoire de l’Afrique du Sud, Seuil
Hennie Van Vurren « Apartheid, guns and money » (non traduit)
Antjie Krog : La douleur des mots, Actes Sud
JM Coetzee : l’Age de Fer, Seuil
André Brink : Mes bifurcations, Actes Sud