André Tubeuf André Tubeuf © Stéphane Barsacq / Laffont
Par Jeanne-Martine Vacher, réalisation Olivier Guérin. **André Tubeuf** est né à Smyrne, aujourd'hui Izmir, en Turquie le 19 décembre 1930. Il est un ancien élève du lycée Louis le Grand et de l'Ecole normale supérieure, rue d'Ulm, où il reçut l’enseignement, entre autres, de Louis Althusser et Maurice Merleau-Ponty. Ces études philosophiques le conduisirent au professorat de philosophie qui occupa une part fondamentale durant ses années strasbourgeoises. L'autre pilier de son existence est la musique. C’est elle qui le fit se confronter à l'écriture : lui, l’homme de la parole, affronta le défi de l’écrit et devint un auteur prolixe : essais, romans et multiples articles pour divers journaux :* Le Point, Diapason, Classica* .... La musique le conduisit également à s'occuper de la vie de la Cité : il devint le conseiller des ministres de la culture : Jacques Duhamel et Michel Guy dans les années soixante-dix. Qu'il fût écrivain, philosophe, critique musical, la trajectoire d'André Tubeuf semble toujours avoir emprunté une voie royale, une voie tracée par le jeu des institutions prestigieuses auxquelles il appartint. Pourtant, ce qui frappe dans cette vie, c'est cette façon si singulière d'avoir toujours été marginal au sein même des instances ou des systèmes de pensée les plus normés. Lui qui marqua de sa pensée, de sa sensibilité, de son savoir, des générations d'élèves ou de simples mélomanes, revendique avant tout sa nature d'autodidacte et d'amateur, avec tout ce que cela suppose d'apprentissage solitaire, de doute, mais un doute singulièrement accompagné de la certitude fondamentale de ce qui était pour lui nécessité. Cette exigence presque implacable qu’il s’est imposée, l’a toujours poussé à aller à l'essentiel et c’est ce qu'il nous insuffle à la lecture de ses livres comme *L'Offrande musicale, portraits et essais* (Bouquins Laffont, 2007), *Le Lied allemand* (Julliard, 1992), *Mozart, chemins et chant* (Actes Sud Classica, 2005), *Appassionata* (Portrait de Claudio Arrau, NiL, 2003). C’est cette même exigence qui nous fait écouter avec passion ses conférences ou ses émissions radiophoniques. Que l’on ne s’y trompe pas, l'immense culture d'André Tubeuf n’est jamais lettre morte parce qu'elle est sans cesse habitée, vivifiée par l’ardeur avec laquelle il la transmet, par la générosité tout aussi radicale qu’il déploie pour la partager. André Tubeuf fait partie de ces êtres qui incarnent un appel continu au dépassement de soi, l'écoute musicale en étant la voie entre toutes privilégiée, « le meilleur des mondes possible ».